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Normandie nucléaire
Des militants anti-nucléaires se sont rassemblés au Havre le 26 avril pour marquer l’anniversaire de Tchernobyl (1986). Cet accident nucléaire, comme ceux qui l’ont précédé (Three Mile Island) ou suivi (Fukushima) nous rappelle qu’aucune centrale nucléaire n’est sûre. “Un accident nucléaire majeur ne peut être exclu nulle part“, affirmait le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN) Pierre-Franck Chevet en 2016. Le dérèglement climatique, avec des ouragans, inondations, sécheresse et tsunamis moins prévisibles, rend leur fonctionnement encore plus risqué. Et la protection contre ces risques augmentés fait monter la facture.
Au même moment, ceux qui gouvernent la Normandie tentent d’imposer à la population encore plus de centrales nucléaires. Hervé Morin réclame, outre Flamanville, Paluel et Penly, un nouvel EPR non loin de Dieppe, et le président d’EDF se déclare intéressé. Ils se saisissent de l’objectif international de réduire les émissions carbone en recherchant des « énergies décarbonées », pour affirmer qu’il faut augmenter la production d’énergie nucléaire. Ils ajoutent qu’il faut profiter du vieillissement du parc nucléaire pour le renouveler.
Or, ajouter une centrale c’est augmenter les risques d’accident et les émanations radioactives. A quoi servirait une atmosphère légèrement moins carbonée si la planète qu’elle enveloppe était saupoudrée de cocktails radioactifs ? En effet la prospection, l’extraction, le raffinage et le transport du minerai, la construction, le refroidissement et l’exploitation des centrales, leur protection contre les tornades, raz-de-marée, tremblements de terre et autres phénomènes naturels, auxquels il faut maintenant ajouter les menaces terroristes, enfin le démantèlement de la centrale et l’enfouissement des déchets qui restent radioactifs pour des millénaires, créent de multiples situations où les éléments radioactifs se diffusent et se combinent avec d’autres éléments toxiques, dans l’atmosphère, le sol et les eaux.
Les promoteurs et communicants du nucléaire insistent sur deux arguments : « décarbonée » et « bon marché ». Dans les deux cas, ils ne comptent qu’une phase du cycle nucléaire, celui de l’exploitation des centrales. Effectivement l’exploitation en centrale produit peu de carbone. Mais cette exploitation ne peut exister sans tout ce qui précède et qui suit. Si l’on prend en compte le cycle entier de production électronucléaire, on constate que cette filière produit certes moins de carbone que celle au fuel, mais quand même six fois plus que l’éolien et quatre fois plus que le solaire. Même observation pour le coût financier : il est beaucoup plus élevé si l’on prend en compte toute la filière et les dépenses externalisées (comme les maladies des mineurs d’uranium et des sous-traitants réparateurs de chaudières). Et il s’élève à mesure que les centrales vieillissent et que la population réclame de plus en plus de mesures de sécurité. On a pu constater tout près de chez nous, les défauts de fabrication, les retards de livraison, les dépassements astronomiques des coûts prévus, les pannes, les incidents et les réparations de nos centrales normandes. L’EPR de Flamanville est devenu un gouffre financier. Ce sont les citoyens qui payent le surcoût, « sous forme de subventions d’investissement » de l’État (https://reporterre.net/En-coulisses-l-Etat-prepare-le-financement-de-six-nouveaux-reacteurs-EPR) et des collectivités territoriales, comme la Normandie, associées au projet à des titres divers. La Cour des Comptes a déjà tiré la sonnette d’alarme dans son rapport de juillet 2020 (https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/nucleaire-la-cour-des-comptes-demolit-le-chantier-de-l-epr-6901100). Pour remédier à ces dépassements, l’industrie nucléaire ne propose que de multiplier les centrales pour faire baisser le coût unitaire.
Au contraire, la solution humaine exige la sortie du nucléaire et le développement des énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien terrestre et maritime, le géothermique, des réseaux de transport collectifs bien équipés et desservis, l’amélioration de l’isolement des bâtiments, la valorisation du vivre ensemble et de la sobriété, la transparence et la démocratie sur les choix stratégiques. Le capitalisme montre chaque jour qu’il préfère assurer les profits des grandes sociétés plutôt que d’organiser cette transition énergétique urgente, malgré la catastrophe climatique qui se précise.
Dans les élections régionales, Hervé Morin et Nicolas Bay, candidats le premier des Centristes, le second du Rassemblement national, prônent ouvertement l’augmentation du parc nucléaire normand. Ils sont aveugles aux risques de pollution et d’accidents que cela implique pour la population normande. C’est dans l’ordre des choses puisqu’ils défendent le capitalisme et la loi du marché. Malheureusement, ceux qui devraient donner la priorité aux intérêts des travailleurs et de leurs familles, comme le PS, le PC et EELV, à quelques exceptions près, choisissent de fermer les yeux ou de ne rien dire.
Dans les élections régionales qui viennent, il faut battre la droite et l’extrême droite, dont les valeurs sont complètement contraires à l’écologie, à la démocratie et à la justice sociale. Mais il faut aussi imposer aux candidats de gauche et de l’écologie un minimum de prise de position sur le projet nucléaire d’Hervé Morin. Nous proposons :
• Que les habitants de la Normandie décident !
• Pour un vaste débat sur les risques du nucléaire (accidents, émanations de basse intensité, cumuls-cocktails, transport, pollution des eaux, de l'air et du sol, déchets, coût, garantie de l’emploi, effets sur le tourisme, mesures transitoires, méthodes de démantèlement et alternatives), suivi d'un référendum.
Quant à nous, nous lutterons pour une atmosphère décarbonée ET saine
Pour réduire à la fois les émissions de CO2 et des autres produits toxiques et radioactifs
• Ni effet de serre, ni cocktails radioactifs
Photo : action Tchernobyl au Havre, ZAC Coty, 26 avril 2021 - merci à Annie et Marie-Claude pour la transmission
« Régionales, départementales : avancer malgré les tractations d’appareils !International - Algérie - Histoire - Mémoires filmées de Mohamed Harbi »
Tags : Nucléaire, EPR, Tchernobyl, Normandie, référendum, Environnement, Climat, Flamanville, Penly, écologie, pollution, radioactivité, Fukushima
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Commentaires
6GillesMercredi 19 Mai 2021 à 13:57EDF prévoit la construction de 6 nouveaux réacteurs EPR, dont 2 à Penly, alors même que celui de Flamanville ne démarrera au plus tôt qu'en 2022, après 10 ans de retard sur la date prévue, et un coût d'ores et déjà multiplié par 3 (et ce n'est pas fini) pour une technologie d'ores et déjà hors d'âge !De qui se moque t-on ?Pour moi, qui ne suis pourtant pas un anti-nucléaire radical, qui n'est pas pour une sortie immédiate du nucléaire tant que l'on ne sera pas indépendant avec suffisamment d'énergie renouvelable, c'est quand même NON ! C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.Tant d'aveuglement et d'inconscience ! Où a t-on déjà vu ça ??Une pétition à signer :https://www.sortirdunucleaire.org/de-nouveaux-reacteurs-c-est-non?Répondre[Signalé] Les contacts entre la Confédération CGT et les verts et la Fédération Energie CGT : extrait de l'article du Monde par Nabil Wakim et Sylvia Zappi, publié le 67 mai 2021
"La question du nucléaire
Cette alliance d’un genre nouveau est pourtant loin de faire l’unanimité au sein de la CGT. Dans un document interne révélé par Le Monde en octobre 2020, plusieurs responsables s’inquiètent de l’aventure solitaire de Philippe Martinez. Le sujet le plus emblématique reste la question du nucléaire. Le texte « Plus jamais ça »mentionne la fin de toute subvention publique aux nouveaux projets de centrales. En bon français, c’est la fin du nucléaire hexagonal. Or c’est tout l’inverse de ce que prône la CGT d’EDF, qui défend la prolongation des installations existantes et la construction de nouvelles.
La même puissante fédération énergie a d’ailleurs fait produire un film qui s’en prend à la « mafia de l’éolien » et dénonce la notion même de transition énergétique. Pour ses dirigeants, le nucléaire est même la meilleure solution face au désordre climatique – puisque les centrales émettent peu de CO2. « Il n’y a guère de raisons de travailler avec Greenpeace sur la question du nucléaire », se méfie Sébastien Menesplier, le patron de cette Fédération nationale des mines énergies. « On s’en fiche de Martinez, il ne va pas nous empêcher de défendre le nucléaire », défie, lapidaire, un autre dirigeant syndical du secteur. Sur ce sujet, le patron de la CGT tente de ménager la chèvre et le chou.
« C’est ce qui est intéressant dans la démarche de “Plus jamais ça”, justifie Philippe Martinez. On assume nos désaccords sur le nucléaire avec Julliard. C’est un vrai sujet. Mais, si on ne discute qu’avec les gens qui sont d’accord à 100 % avec la CGT, on ne discuterait qu’entre nous ! » Une révolution dans une centrale syndicale très chatouilleuse sur ce sujet. « Chacun fait l’effort de faire bouger ses propres curseurs, veut croire Julliard. Je ne dis pas que c’est facile, mais c’est quand même une première ! On n’ira pas convaincre la CGT Fessenheim qu’il fallait fermer la centrale, mais le fait d’en discuter est une bonne chose. »
De la part de Nicolas Guillet:
Une analyse intéressante de Gilles Houdouin à l'heure où l'on commémore Fukushima, où l'accident de Tricastin remonte à la surface et que les autorités japonaises entendent verser l'eau contaminée dans l'océan...Salut jean. A mon avis, une position pro-nucléaire n'était pas rédhibitoire: la preuve, la position pro-nucléaire du PS n'a pas empêché EELV de s'allier avec lui, comme dans un premier temps il s'était allié avec le PC.
Pour avoir l'unité la plus large sur une position de gauche et écologiste combative, il fallait accepter l'union même avec les pro-nucléaires à condition qu'on ouvre la possibilité" de passer outre par la volonté populaire. Les forces de gauche et écologistes vraiment sérieuses pouvaient se regrouper autour de la promesse d'organiser une vaste campagne d'éducation sur le nucléaire, suivi d'un référendum régional.
Les inquiétudes sur le nucléaire sont très partagées: le peuple veut savoir et décider. C'est une position démocratique.
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GillesSamedi 1er Mai 2021 à 19:34
Tout à fait d'accord avec toi, John : chez EELV, l'aspect anti-nucléaire est passé bien après l'espérance d'obtenir une 1ère vice-présidence, qu'ils pensent plus facile à obtenir avec le PS (pro-nucléaire) qu'avec Jumel (pro-nucléaire). Comme quoi les convictions sont à géométrie variable.
Ce qui prouve bien aussi que l'alliance des deux listes était possible. Mais encore une fois, l'intérêt de la population (gagner la région, les départements) passe après l'intérêt personnel (gagner des places)
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2Jean LallemandSamedi 1er Mai 2021 à 17:35Il me semble que tu oublies la position déclarée pro EPR de Sébastien Jumel menant la liste PC/FI aux régionales qui a permis à EELV de refuser, parmi d'autres "arguments", l'union ou en tout cas la tête de liste à l'ancien maire de Dieppe.
Il faut aussi souligner la position antinucléaire de Jean Paul Lecoq, député PC près du Havre, qui détonne dans la défense du nucléaire de son parti.
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