• Maltraitance institutionnelle des personnes âgées dans les EHPAD, les causes

    Dans notre rubrique "dossiers", nous entamons aujourd'hui une série d'articles sur un des points chauds des mobilisations actuelles.

    Sur certains côtés, le problème des EHPAD rejoint celui des contrats aidés puisqu'ils sont nombreux dans ce secteur. Conscients qu'une mobilisation "ex-nihilo" sur les contrats aidés s'avérait difficile - nous avons essayé : voir ici et  - nous restons néanmoins prêts à l'action.

    Sur d'autres, le mouvement des EHPAD rejoint celui plus global du secteur de la Santé et celui de la protection sociale, attaqués de tous côtés par les gouvernements successifs dont l'objectif final est leur privatisation.

    Le mouvement des EHPAD est donc un détonateur, la partie émergée d'un problème plus profond.

    PREMIÈRES MOBILISATIONS

    Les conditions de prise en charge indignes des personnes âgées dans les EHPAD semblent faire consensus. Est-ce suffisant pour faire bouger les bornes?

    Au lendemain de la mobilisation des personnels du 30 janvier 2018, forte et inédite, Emmanuel Hirsch, Directeur de l’Espace éthique de la région Ile-de-France commence ainsi son acte de contrition dans le Figaro du 2 février 2008 :

     « Le 28 août, les professionnels de l’EHPAD de Foucherans (Jura) ont mis fin à leur grève entamée le 3 avril. Ils avaient décidé de protester publiquement à propos des conditions de soin et d’accompagnement de leurs « résidents.

    Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a annoncé en août un plan de prévention de la maltraitance pour le second semestre 2018.»

    Il est remarquable que cette haute conscience (rien à voir avec Martin Hirsch ex-ministre ou le théologien protestant Emanuel Hirsch décédé en1972) reconnaisse que le conflit de Foucherans à l’origine d’une véritable prise de conscience nationale, un conflit de 117 jours que François Ruffin et Caroline Fiat ont aidé à médiatiser.

    On ne peut que souscrire à la suite de l’article : «En EHPAD, les professionnels assument des missions peu reconnues auprès de personnes que l’on « place » en institution lorsque le « maintien au domicile » s’avère impossible. Le recours à l’EHPAD, vers 80 ans, concerne surtout des personnes en situation de grande dépendance. Faute d’anticipation, « l’entrée en institution» se fait souvent dans l’urgence ou par défaut, lorsque les alternatives sont épuisées et qu’une place se libère. Il s’agit rarement d’une décision volontaire, consentie, notamment lorsque la personne est atteinte d’une maladie qui affecte ses facultés décisionnelles.

    L’image de l’EHPAD est trop souvent péjorative. On ne perçoit cette institution que comme un lieu d’enfermement, « au bout du bout ». Les professionnels y seraient peu soucieux des valeurs et des droits de la personne : sa sphère privée, ses habitudes et ses préférences. Que les « résidents » soient soumis à l’arbitraire de décisions, de restrictions et de contrôles, nous interroge en effet sur certaines pratiques. C’est ce contre quoi s’insurgent les professionnels qui souhaitent défendre la conception exigeante d’un accueil digne, attentionné et de qualité.

    Mr E. Hirsch, ancien fabricant de porcelaine avant d’être agrégé de philosophie puis mécène et moraliste médical multiplie les guillemets dans son article: Ces multiples maltraitances institutionnelles sont en effet bien connues et mal assumées par les décideurs, maitres d’œuvre du système. «Les proches, souvent épuisés par l’accompagnement des années durant d’une personne dépendante au domicile, nourrissent le sentiment de culpabilité de recourir à un établissement qui, habituellement, ressemble peu à ce qu’ils auraient pu espérer de mieux pour leur parent.

     On ne saurait passer sous silence les aspects financiers du coût de cet hébergement (entre 2 000 et 5 000 euros par mois, selon les « formules »). Il s’agit d’une charge très lourde. Les plus modestes peuvent y sacrifier les quelques économies réunies leur vie durant, ou se sentent honteux d’imputer à des membres de leur famille un devoir de solidarité.»

    Le consensus s’arrête la,

    L‘insuffisance généralisée des moyens financiers et humains serait au centre de la dégradation des conditions de travail et de prise en charge des personne âgées ?…

    Ça ne passe pas dans le Figaro, les actionnaires des maisons de retraite, fort sollicités par les pub du journal, ne sauraient voir ces horreurs…

     En effet, les salariées de l’EHPAD des Opalines de Foucherans, dans le Jura se sont mis en grève le 3 avril 2017. François Ruffin et Caroline Fiat (voir photo) étaient venu-e-s les soutenir. Elles témoignent devant les caméras de télévision :

     « Le soir, vous rentrez chez vous et vous pleurez. Vous avez honte de vous ! »

     « Nous sommes huit par jour – et seulement deux, la nuit – pour nous occuper de 77 résidents. En cas d’absence d’une collègue, ce qui peut arriver jusqu’à cinq fois par semaine, c’est une journée de 10 h 30 assurée. Nous sommes toutes conscientes d’être au bord du burn-out » ; « Nous avons une pause d’une demi-heure par jour. Mais en réalité, il est très difficile de la prendre » ; « On se bat en premier lieu pour le bien-être des résidents. Mais on dispose chaque jour de seulement quinze minutes par résident pour le lever, faire sa toilette, lui donner ses médicaments, l’aider à prendre son petit-déjeuner et l’habiller ».

    En juillet, après 117 jours de grève, elles obtenaient une victoire partielle : une prime annuelle de 450 euros et l’embauche de deux aides-soignantes supplémentaires.

    (à suivre...)

    Jacques, février 2018

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