Nouvelles du Front Populaire, région du Havre et ailleurs

Quand les blés sont sous la grêle

Fou qui fait le délicat

Fou qui songe à ses querelles

Au coeur du commun combat

Ces vers de Louis Aragon en 1943 cités par Daniel Grancher ont été applaudis par les plus de 100 personnes réunies à Franklin, mercredi 12 juin 2024. Un programme d’actions a été annoncé. La salle avait été réservée par la coordination des luttes issue de la coalition contre la venue au Havre de Marine Le Pen et Jordan Bardella, le 1^er mai 2023, et mise à disposition de l’intersyndicale, ouverte à toutes les organisations politiques, associatives, syndicales, et aux citoyennes et citoyens. Les délibérations ont été prolongées par des groupes de travail sur le parvis de Franklin, puis par une manifestation de Franklin à l’Hôtel de Ville à 20 h, renflouée par de nouveaux arrivants.

Premières dates à retenir :

- jeudi 13 juin 2024, 18 h, rassemblement devant l’Hôtel de Ville,

- samedi 15 juin 2024, 13 h 30, rassemblement devant Franklin et marche vers l’Hôtel de Ville

A 15 h 30, ceux qui le souhaitent pourront rejoindre la manifestation Palestine.

- dimanche 23 juin 2024, de 14 h à 22 h, agora publique et concert avec Médine et d’autres, au Havre

Convocation : Coordination des luttes, Intersyndicale, Front populaire

Thomas Tiriau, de l’UL Solidaires du Havre, qui présidait, a rappelé que la Coordination des luttes, entité qui s’est formée avec les syndicats, les associations (dont la Ligue des Droits de l’Homme, par exemple), les organisations politiques et citoyennes et citoyens concernés, pour organiser un 1^er mai 2023 anti-Le Pen, et s’est prolongé depuis, avait décidé d’offrir la tribune à l’Intersyndicale du Havre, pour organiser la riposte à la dissolution du Parlement et aux menaces de l’extrême droite contre les droits démocratiques et sociaux.

A la tribune donc, de gauche à droite : pour la FSU, Christophe et Alain, pour l’UL Solidaires Méline et Thomas qui présidait, pour l’UL CFDT, Luc Sauvage, pour l’UL CGT Sandrine et Anthony. Plus d’une centaine de personnes étaient présentes, la salle s’emplissant au fur et à mesure que l’heure avançait.

Les premiers intervenants ont rappelé le cadre : les gains électoraux et médiatiques de l’extrême droite, les menaces contre les libertés, le processus de constitution du Nouveau Front Populaire au niveau national, en exprimant le souhait que la réunion ne s’immisce pas dans les questions de répartition des circonscriptions, de sélection des candidat.e.s et de programme d’urgence, cette discussion devant être laissées aux partis politiques, et cette coordination unitaire se chargeant du soutien par l’action. De nombreuses associations se sont ensuite exprimées : culturelles comme La Poudrière, la Marche des Fiertés, démocratiques comme la Ligue des Droits de l’Homme, syndicales, avec de nombreuses explications des situations constatées dans les services, les entreprises et les marchés, et politiques comme le réseau Le Havre des Luttes, les militants des partis établis présents sans nécessairement décliner leur appartenance.

Débats

La volonté de s’unir et de fixer un calendrier d’actions dominait. Néanmoins, des nuances se sont exprimées. Deux points ont été débattus de façon « adelphique » (amicale, sororale et fraternelle) : la consigne de vote, et le mot d’ordre central anti-extrême droite.

Dans une certaine tradition française séparant d’une part, la lutte parlementaire (dite « politique » au sens le plus étroit), et d’autre part, des luttes de terrain, syndicales, en entreprises, dans la rue (dites « vraies luttes »), des intervenants ont expliqué qu’il ne fallait pas donner de consigne de vote pour le Front populaire de façon explicite, mais se confiner à un soutien thématique général. Pour certains, de tradition libertaire, tout soutien à des partis, à des élus ou à des candidats détourne du vrai combat de terrain. Pour d’autres, il s’agissait simplement de laisser le temps aux partis existants d’arriver à un accord. Anthony, à la tribune pour la CGT, a évoqué la tradition CGT qu’il a résumée en disant qu’elle était réticente à soutenir des partis dans les élections, mais qui est revenu dans le débat pour signaler que la CGT soutenait les grandes causes communes portées par des mouvements larges, comme le Front populaire actuel. Dans la salle, un intervenant CGT a rappelé que la CGT venait d’appeler explicitement à voter Front populaire.

Sur le mot d’ordre, des intervant.e.s ont expliqué qu’il fallait alerter le peuple et les militants qui ont une mémoire politique, de la gravité de la situation, du tournant historique que nous vivons, de l’importance d’agir, ce qui se traduit généralement par l’utilisation de mots tels que « fascisme », « néo-fascisme », « extrême-droite », sans exclure des explications des dangers liberté par liberté, mais accompagnées parfois d’actions dures. D’autres rappelaient l’inefficacité de la propagande « anti-fa » depuis des décennies et souhaitaient des argumentaires sur les premières cibles d’un gouvernement d’extrême-droite : les immigrés et Français d’origine immigrée, les LGBTQI+, les militants syndicaux et politiques de gauche, les salariés. Ils proposaient notamment « Abrogation de loi Macron sur les retraites », « Augmentation des salaires », « Restauration des services publics : écoles, hôpitaux, transports publics », « protection de l’environnement ». Luc Sauvage a rappelé les deux questions fédératrices : défense de la liberté d’expresdsion, et défense de la liberté d’association.

La suite

Outre les actions envisagées dans le chapeau de cet article (13/6, 15/6, 23/6), des groupes de travail se mettront en place ; on essaiera d’obtenir des réservations de salle à Franklin pour maintenir des permanences (rencontres, tractages, etc.) aussi larges que possibles, la confection de banderoles et de tracts, l’action dans les quartiers, petites villes et villages, porte à porte et marchés, un ou des sites Internet.

Nouvelle réunion de la coordination unitaire lundi17/6 à 17 h 30, à Franklin.