Le groupe municipal "Un Havre Citoyen" a réagi à l'annonce des fermetures d'école en centre-ville du Havre, Marande et Gobelins. Nous publions ci-dessous le texte de leur réaction, ainsi que, plus bas, notre avis sur ce qu'il serait nécessaire d'exiger, en plus de la non fermeture, et pourquoi cela est nécessaire :

1) le texte d'Un Havre Citoyen

« Pas d’horizons sans école » pouvait-on lire sur les banderoles accrochées l’école élémentaire Les Gobelins. La mairie a décidé en fin novembre dernier de la fermeture de cette école ainsi que celle de la maternelle Charles-Auguste Marande.

La raison donnée ? Un effectif trop faible.

Les parents d’élèves s’indignent et nous les soutenons.

Ils sont allés manifester devant la mairie pour exprimer leur mécontentement. Pourtant, aucune réponse satisfaisante. Encore une fois, le manque — pour ne pas dire l’absence totale — de concertation entre la majorité et le collectifs du Havre est flagrante.

Après tout, les parents d’élèves ont la meilleur perspective pour dire ce qui convient ou non à leurs enfants. Et les déplacer dans des écoles parfois surpeuplées, qui ne sont pas en capacité de les accueillir n’est sûrement pas la chose à faire.

En plus de cela, la fermeture des écoles aura des conséquences négatives sur l’activité du quartier.

Premièrement, cela va à l’encontre du plan mobilité, qui prône l’utilisation de moyens de déplacements doux et actifs. A la place, les élèves et leurs parents devront sortir de leur quartier pour aller à l’école.

Et ensuite, quel impact sur les commerces de proximité ? Nous le savons bien, les commerces de proximités dépendent du flux de piétons et de vélos autour d’eux. Que se passera-t-il lorsque les habitants ne passeront plus autant de temps dans le quartier ? Et à plus long terme, quel impact sur l’immobilier suite à la disparition d’agréments ?

Nous exigeons que des études soient menées sur l’impact écologique induit par un changement de mobilité, sur le commerce et sur le marché de l’immobilier.

Sans cesse, la majorité choisie de réduire le service public au Havre. Nous pourrions aussi parler des bureaux de poste qui, s’ils ne ferment pas définitivement, réduisent tant leurs horaires d’ouverture que pour beaucoup d’habitants, ils pourraient tout aussi bien ne plus être ouverts.

« Un manque de demande », « Des changements structurels »,…

N’est-ce pas le rôle de la municipalité d’offrir la même qualité de service à tous, justement parce que le service public n’a pas à s’inquiéter de rendements et de profit ?

Au moment où nous écrivons cette tribune, la décision définitive de fermer les écoles reste à être votée au conseil municipal du 13 décembre. Bien entendu, le groupe municipal Un Havre Citoyen va s’y opposer. Nous allons exposer nos arguments, et donner une chance aux parents d’élèves de se faire entendre.

2) Notre avis

Cette expression du groupe municipal a le mérite d'exister, et Ensemble ! soutient bien évidemment le groupe UHC dans ce combat. Mais il manque un élément essentiel : l'abrogation de la carte scolaire.

Au-delà de l'impact de la fermeture de l'école d'un quartier (ou d'un village), il faut peut-être avoir une réflexion sur les logiques de ségrégation sociale qui ne cessent de se renforcer dans notre société.

La carte scolaire n'a jamais servi l'objectif qu'elle était censée remplir, la mixité sociale. Les classes aisées ont toujours su mettre en oeuvre diverses stratégies de contournement, en particulier le recours aux écoles privées, pour permettre à leurs enfants de se retrouver dans des établissements de bonne réputation.

En revanche, la carte scolaire qui lie l'affectation de l'enfant au domicile de ses parents, fait l'impasse sur le lieu de travail de ces derniers. Les parents des quartiers populaires qui travaillent en centre-ville pourraient être intéressés par la possibilité d'y scolariser leurs enfants et de limiter de ce fait les trajets quotidiens.

Cette solution permettrait de répondre à des objectifs pratiques, d'écologie, de mixité sociale, et d'une bonne répartition des écoles sur l'ensemble du territoire. Cela permettrait également d'éviter la mort d'un quartier, car lorsqu'il n'y a plus d'école, le quartier n'attire plus les jeunes couples en recherche de mode d'accueil et d'écoles pour leurs enfants. C'est un cercle vicieux qu'il faut rompre par une politique volontariste : accepter que des écoles soient en sous-effectif, pour attirer des populations, et pratiquer l'éducation de nos enfants dans de meilleures conditions pour les enseignant-e-s.