Notre amie Régine MAINGUY est décédée. Elle n'était pas adhérente à Ensemble ! mais sa proximité, son engagement à nos côtés dans de multiples luttes depuis si longtemps, en faisaient une "compagne de route".

Nul autre que notre camarade Jean Lallemand qui l'a connue pendant 36 ans, ne pouvait lui rendre hommage sur ces pages. Laissons-lui la plume :

On a fait connaissance avec Régine au siècle dernier, en 1988, lors du grand mouvement de la coordination infirmière qui déclarait : « Ni nonne, ni bonne, ni conne ».

Et ça, c’était Régine ! Très vite, avec d’autres militants venant de la CGT, exclus quelques années auparavant, de la CFDT ou de nulle part, nous nous sommes lancés dans la création d’une nouvelle organisation, un syndicat de salariés qui s’est appelé CRC pour Coordonner, Rassembler, Construire. Nous sommes partis de rien, ni local, ni droits syndicaux, ni la fraternité des autres organisations et encore moins de la direction. Un syndicat devenu en quelques années SUD-CRC puis SUD pour Solidaire Unitaire Démocratique. Un outil de luttes dans lequel Régine avait toute sa place. Fille de dockers, son père au quai, et sa mère au foyer des dockers, sœur de Wilfrid le docker, elle ne pouvait qu’en être avec sa conscience de classe.

Régine n’était pas un tribun mais une femme au caractère bien trempé qui avait un sens de l’organisation très pointu, une disponibilité à toute épreuve malgré son travail de nuit (ou grâce à lui) avant d’être longtemps à mi-temps au travail et l’autre au syndicat.

Régine ne parlait pas aux foules mais aux collègues. Pour défendre ses idées ou pour écouter les camarades ou les personnes en difficultés. Que ce soient des sans-papiers souhaitant se faire embaucher comme sage-femmes ou des personnes menacées de sanctions.

Régine a participé à tous les échelons de notre développement, par exemple en 95 quand nous avions rencontré un rouennais, Christophe Capitaine lui aussi disparu, pour lancer SUD sur l’agglomération rouennaise. Ou avec des camarades de Fécamp qui avaient créé un syndicat local ou encore le CHU de Rouen plus tard.

Elle était de tous les conseils départementaux, fédéraux à Paris. Nous sommes même allés à Athènes en Grèce pour un forum social européen. On s’intéressait aussi au secteur privé avec leurs conventions collectives multiples et nous avions plusieurs sections dans le secteur social qui comptaient plusieurs sections au Havre.

Pendant 10 ans, Régine était au clavier, travaillait la mise en forme et à la correction des articles du bulletin Déferlantes qui paraissait tous les mois. 

Partis à la retraite en 2008 après un plan social, nous l’avons retrouvée avec Marcel dans les mobilisations pour les droits à la retraite, contre les reculs sociaux et sociétaux, contre ce monde qui marche sur la tête.

Régine, par l’intermédiaire de sa famille, nous demande notre contribution pour l’association « SOS Méditerranée » ce qui nous donne une idée de ses engagements.

Merci Régine pour ces 36 ans passés à tes côtés, pour les luttes et les repas « syndicaux », les potins et ton esprit acéré.

Tes passages avec Marcel le mercredi pour nous apporter les semoules du marché vont nous manquer, tes récentes séances de piscine avec Corinne aussi.

On devait, le 6 avril dernier, aller ensemble écouter et voir Guillaume Meurisse, tu n’es pas venue, tu ne te sentais pas bien.

Tu étais plus qu’une camarade, une amie.

Merci

Jean, le 19/04/2024