Maksim Butkevitch, militant ukrainien anti-raciste condamné

Par John Barzman

Le 10 mars 2023, Maksym Butkevytch a été condamné à 13 ans de prison par un « tribunal » de la « République populaire de Lougansk », Etat fantoche de Poutine installé sur le territoire ukrainien. Soldat de l’armée ukrainienne, il a été distingué parmi les nombreux prisonniers de guerre ukrainiens aux mains de l’armée russe et de ses auxiliaires, pour un traitement spécial, à savoir l’inculpation pour crimes de guerre.

De façon générale, l’accusation de crimes de guerre contre un soldat de l’armée régulière ukrainienne est contraire au droit international*. De plus, l’accusation spécifique contre Butkevytch, d’avoir obéi à un ordre de tirer avec un vieux lance rocket de fabrication allemande contre un immeuble résidentiel de Severodonetsk, le 4 juin 2022, est contestée par de nombreux témoins qui affirment que son unité n’était pas dans la région ce jour là.

Comme dans les sinistres procès de Moscou de 1936, au cours desquels le procureur Vichinsky amalgamait l’opposition communiste de droite et de gauche et lui prêtait un accord secret avec Hitler, s’appuyant sur des confessions arrachées par la torture et par des menaces contre leur famille, aujourd’hui, le procureur poutinien de Louhanksk et du Donetsk, a construit un procès contre deux catégories d’opposants, celle de Maksym Butkevytch, militant des droits de l’homme, antiraciste convaincu, et celle de deux soldats ukrainiens du régiment Azov, capturés à Marioupol, régiment dans les rangs duquel les idées d’extrême droite avaient, pendant un temps, étaient discutées.

La véritable raison de la sélection de Butkevytch pour ce procès poutinien est politique. Elle réside dans la longue action associative de ce militant ukrainien en faveur des droits de l’homme, pour l’autodétermination de l’Ukraine et contre le racisme, depuis 1990. Né à Kyiv en 1977, il a milité sans cesse pour les droits des migrants, d’abord comme simple citoyen puis avec l’agrément des agences de l’ONU et avec le statut de journaliste de la BBC britannique. Il s’agit donc pour le pouvoir poutinien et ses agents de faire payer à un citoyen ukrainien sa défense des droits démocratiques, ses idées sur l’égalité et la solidarité des peuples et son engagement en faveur de l’information citoyenne libre.

Sinistres prisons de Lougansk

Les prisons des Etats fantoches de Donetsk et Lougansk ont été plusieurs fois dénoncées parce qu’elles abritent des centres de torture et favorisent les violences et les abus en tout genre contre les détenus, mal nourris, mal vêtus, mal soignés, entassés les uns sur les autres. La vie de Maksym Butkevytch est donc menacée par ce jugement inique.

Signons 

les pétitions, adoptons des motions dans nos associations, diffusons l’information autour de nous : il faut libérer immédiatement Maksym Butkevytch.

Un front intersyndical français composé de la CFDT, la CGT, la FSU, l’UNSA et Solidaires adopté la motion ci-dessous. Cet exemple doit être étendu à tous les niveaux.

[* Voir « En vertu du droit international, les personnes bénéficiant du statut de prisonnier de guerre jouissent de l’immunité accordée aux combattants et ne peuvent être poursuivies pour avoir participé à des hostilités ou pour des actes de guerre licites commis au cours du conflit armé, même si ces actes constitueraient une infraction en vertu du droit national. » Déclaration du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies.]

+ un appel du Réseau syndical international de solidarité et de luttes.

+ Un article de « Basta » sur Maksym Butkevytch à Kyiv, avant son engagement dans l’armée.

+ Le communiqué de presse de l'intersyndicale sur Maksym Butkevytch