• COVID ET DEFENSE DES SALARIES A LA RENTREE DE SEPTEMBRE 2021

    La rentrée 2021 apporte du nouveau sur les effets directs et indirects de l’épidémie, pour :

    - les différents catégories de victimes de la COVID

    - les vaccinations

    - les sanctions contre les salariés

    - l'évolution du mouvement anti-passe

    La mobilisation unitaire du 5 octobre est un début de riposte

    COVID ET DEFENSE DES SALARIES A LA RENTREE DE SEPTEMBRE 2021

    COVID et défense des salarié.e.s en septembre 2021

    La rentrée 2021 apporte du nouveau sur les effets directs et indirects de l’épidémie de la COVID sur les salariés, femmes et hommes, et leurs alliés (membres de la famille, petits indépendants précaires). Tentons de recenser et préciser ces effets :

    1) la multiplication des contaminé.e.s et malades Covid, parfois graves, des hospitalisé.e.s, des séquelles durables, des morts prématurées autour de nous, dont une partie est due aux incohérences de la politique gouvernementale, à l’absence de politique de santé publique audacieuse appuyée sur des services publics payés dignement et bien équipés, et à la désinformation principalement d’origine confusionniste (la nouvelle catégorie des « victimes de la désinformation », notamment aux Antilles). Les salarié.e.s « de première ligne » (soignantes et soignants, enseignantes et enseignants, sapeurs pompiers, caissières, transports publics et d’autres) sont les plus durement frappés, mais pas les seuls (ateliers et bureaux aussi, et de plus en plus de jeunes).

    2) l’augmentation du nombre de recours à la vaccination, première dose, deuxième dose et maintenant troisième dose. Le dernier chiffre pour la France : Mise à jour : 07/09/2021 Part de la population majeure complètement vaccinée 82.1 %. La vaccination est maintenant ouverte aussi aux 12 à 17 ans. Les études scientifiques sur les bénéfices-risques, dont le nombre plus élevé que jamais auparavant (plus de 4 milliards de personnes vaccinées et échantillonnées), compense en partie le manque de résultats dans la durée, montrent que les vaccins sont efficaces, en particulier contre les formes graves de la maladie, pendant un laps de temps qui varie selon les caractéristiques du vacciné (âge notamment), le type de vaccin et la variante concernée. Ils montrent aussi que les vaccinés peuvent rester porteurs du virus (beaucoup moins que les non-vaccinés) dans des proportions qui augmentent selon la durée. Les mesures de prévention (distanciation, masques, gel, ventilation) restent donc utiles.

    3) la confirmation des menaces contre les droits des salariés au nom de la loi (art 12 loi 2021-1040) (https://travail-emploi.gouv.fr/le-ministere-en-action/coronavirus-covid-19/questions-reponses-par-theme/article/obligation-de-vaccination-ou-de-detenir-un-pass-sanitaire-pour-certaines) ou au nom du droit des propriétaires de gérer leur entreprise comme ils l’entendent. Autour de nous, les inquiétudes, avertissements, informations parcellaires nous alertent sur le fait que certaines directions d’entreprises privées et publiques se saisissent de cette loi pour intimider leurs employés et les contraindre par la force à l’obéissance, en violation du code du travail. En même temps, le gouvernement lâche des ballons d’essai pour la relance de la contre-réforme des retraites et la baisse des indemnités chômage.

    4) les rassemblements du samedi, officiellement uniquement contre le pass sanitaire, mais dans les faits contre la vaccination anti-Covid, expression partielle de la colère des salariés, des jeunes, des petits indépendants contre les mesures anti-populaires du gouvernement Macron, ont marqué une stagnation ou une baisse depuis deux semaines. Par ailleurs, les incidents de violence, ou d’incitation à la haine, notamment contre les partisans de la généralisation de la vaccination augmentent. La présence des confusionnistes et complotistes (Reinfocovid) et de l’extrême droite (Philippot) se fait plus audacieuse. Au Havre notamment, la Page FB Anti pass sanitaire Le Havre qui soutenait en juillet de manière floue un mot d’ordre unique « Tous contre le pass », et prônait l’unité des vaccinés et non-vaccinés, des pro-vaccins et anti-vaccins, a évolué en août vers l’affirmation du mot d’ordre central « Liberté » et l’ajout au mot d’ordre « Tous contre le pass » devenu secondaire de « et l’obligation vaccinale » qui exclut les partisans d’une obligation morale de la vaccination. Ces mots d’ordre sont compatibles avec les appels lancés par Florian Philippot et l’extrême-droite. Des tensions apparaissent dans le mouvement anti-passe soi-disant « apolitique » entre d’une part les réactionnaires et confusionnistes de Réinfocovid et la nébuleuse fascisante, et d’autre part, les partisans trop timides d’une réactivation du mouvement syndical et de la résistance des salariés contre les réformes néo-libérales. Dans ces conditions, l’obligation de s’auto-censurer au nom de l’unité des mécontents, « de mettre son étiquette syndicale ou politique dans sa poche » prônée par certains Gilets jaunes, empêche la clarification nécessaire et la lutte contre l’extrême droite.

     

    COVID ET DEFENSE DES SALARIES A LA RENTREE DE SEPTEMBRE 2021COVID ET DEFENSE DES SALARIES A LA RENTREE DE SEPTEMBRE 2021

    COVID ET DEFENSE DES SALARIES A LA RENTREE DE SEPTEMBRE 2021

    Dans ce contexte, la défense des salarié.e.s contre les sanctions fondées sur le pass sanitaire (parfois simple prétexte pour la mise au pas des employés) devient plus centrale. Il faut recueillir les informations exactes sur le statut des personnels menacés, leur employeur, les menaces, les procédures et les syndicats potentiellement intéressés. La défense des salariés contre leurs employeurs incombe principalement aux syndicats. Ceux-ci doivent se mobiliser pour regagner la confiance de leurs mandataires, avec l’appui d’associations et de mouvements citoyens.

    Plus généralement face à la Covid, les objectifs formulés depuis les premiers mois de la pandémie restent d’actualité : généralisation de la vaccination, non aux sanctions anti-salariés, levée des brevets et socialisation de l’industrie pharmaceutique (coordination de nationalisations, de municipalisations et de coopératives ouvrières à l’échelle française, européenne et internationale), pour une politique de santé publique ambitieuse (prévention, hôpitaux publics, gratuité, services de proximité).

    En même temps, il faut préparer la reprise des luttes sociales pour la défense des acquis menacés par les contre-réformes de Macron : retraites, indemnités chômage, salaires. La journée de manifestations interprofessionnelles et unitaires pour le 5 octobre, est un pas dans le bon sens (communiqué intersyndical du 30 août appelant au 5 octobre à https://solidaires.org/Journee-de-greve-interprofessionnelle) . Mais elle doit se préparer et s’étendre.

     

    Le collectif Ensemble ! Le Havre 8 septembre 2021

    « Injure antisémite au Havre et mouvement anti-passeSuccès du rassemblement du 19 septembre contre l’antisémitisme à Paris »

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  • Commentaires

    10
    Mercredi 22 Septembre 2021 à 17:04

    Un article de John Barzman du 16 septembre 2021:

    Il s'agit d' un bilan d'étape du mouvement anti-pass sanitaire écrit pour un public américain (soucieux de réfléchir à sa réponse éventuelle à l'imitation des méthodes de Macron dans un contexte différent malgré la force du trumpisme), publié dans New Politics et traduit en français.

    Retransmis par le site Europe solidaire sans frontières ESSF

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article59517&fbclid=IwAR296MINBRSFHGTVgV95p0R4xxH01oZqhPOMK26mcWxvuDBSejqyHOqRO0s

    Ci-dessous: un soldat américain obéissant au "mandat" présidentiel de se faire vacciner.

    Soldat américain obéissant à l'ordre présidentiel de se faire vacciner

     

    9
    Mercredi 15 Septembre 2021 à 10:47

    La suite, plus complète de la réflexion de Pascal Colé (mise à jour) à

    https://www.facebook.com/pascal.cole/posts/10223329175689027

    La pancarte portée par ERB 14 aout 2021 Le Havre

    La pancarte d'ERB déchirée après une attaque 14 aout 2021 Le Havre

    Antipass et antivax sont dans un bateau.
    Antipass tombe à l’eau, kesquirest ?
    Tentative sommaire de chronologie havraise.
     
    Le 1er mai 2021, une petite assemblée était massée devant la Maison des syndicats pour la Journée internationale des travailleurs. Têtes connues et inconnues. Parmi ces dernières, une troupe inhabituelle. Des types portant ouvertement des autocollants Les Patriotes et une femme bardée de pancartes Réinfocovid faisant notamment de la pub pour le site complotiste France Soir et pour le rassemblement « citoyen » prévu l’après-midi dans les jardins de l’Hôtel de Ville. Ils ont été poliment raccompagnés à la lisière de la manifestation ouvrière. Mais ce n’était qu’un au-revoir.
    Cet après-midi-là, les intermittent.e.s qui occupaient Le Volcan Scène Nationale organisaient un événement manifestif dans les jardins de l’Hôtel de Ville. Une kermesse joyeuse et militante qui mêlait jeux, chants, danses et revendications « dans le respect des gestes barrières ». Dans le même temps, à un jet de pierres, près de 200 sympathisants de Réinfocovid se réunissaient pour une déambulation covidosceptique déguisée sur le thème « Bas les masques ! ». Les deux groupes gardaient leurs distances. Certain.e.s mal informé.e.s ne comprenaient pas la frontière tendue entre les deux initiatives. Des partisans de Réinfocovid tentaient une percée vers les intermittent.e.s pendant que des gens de « gauche » s’apprêtaient à défiler avec Réinfocovid. Méli-mélasse. Un débat avait eu lieu au sein d’Occupation Le Havre après le passage de représentants de Réinfocovid qui espéraient inviter les occupant.e.s à leurs initiatives. Le CV des initiateurs de Réinfocovid avait alors circulé pour calmer les ardeurs de celles/ceux qui imaginaient qu’une « union » serait profitable.
    Sans entrer dans tous les détails, résumons quelques points de l’été. Sans être présents sur place, il était facile de suivre les événements via les très nombreuses photos et vidéos commentées publiées sur les réseaux sociaux. Parmi les rendez-vous, notons que le 17 juillet une trentaine de « citoyens-nes » issu.e.s notamment de la CGT, de LFI et des Gilets jaunes, présent.e.s à titre personnel, se sont réuni.e.s dans les jardins de l’Hôtel de Ville contre le pass sanitaire, mais en ayant une attitude plus que floue sur la vaccination. Au nom de la défense des « libertés », il était préconisé une alliance vacciné.e.s/non vacciné.e.s en se déclarant ni pour ni contre la vaccination. Terrain miné d’emblée. De ce fait, il était facile aux militant.e.s et sympathisant.e.s de Réinfocovid de se repointer massivement. On a ainsi pu suivre des manifs copieuses où se mêlaient droites, gauches, écolos de toutes catégories sociales, du toubib au prolo, d’où émergeaient parfois des drapeaux qui n’appartiennent pas franchement à l’histoire ouvrière. Si un « apolitisme » de façade était exigé, cela n’empêchait pas les cathos intégristes de parader. Les prises de parole d’avant manif étaient également de grands moments de bravoure. Sur des tribunes improvisées, tout le monde se faisait des politesses. « Unité » oblige. Réinfocovid et militants CGT au coude à coude participaient à cette tour de Babel ouverte à toutes les facéties du moment depuis les partisans des « traitements alternatifs » et d’une « révolution à faire en soi » jusqu’aux pires mensonges et intox que nous entendons depuis des mois, sans oublier une lecture des Evangiles... Hélas, les militants de la CGT ne répondaient pas pied à pied à l’avalanche de délires antivax. Emporté sans doute par la liesse, l’un d’eux alla même jusqu’à comparer la situation française à l’apartheid, outrance qui a cours dans les réseaux d’extrême droite au même titre que les propos antisémites (qui polluent aussi parfois la page FB des « antipass » locaux). Le piège de l’illusion unitaire se refermait sur les militant.e.s de gauche pour ne pas dire qu’il les dévorait. Dans l’un de ses discours, un camarade osa saluer l’importance des anciens vaccins. L’assistance, pensant qu’il allait aussi défendre les vaccins anticovid, le hua prestement. « Attendez, laissez-moi continuer ! » lança l’orateur pour rassurer l’auditoire... Clairement, les antivax sont à l’unisson. A moins d’être soi-même un antivax de « gauche », seule une autocensure carabinée peut servir de bouée pour éviter la noyade dans cette tempête confusionniste.
    Loin du micro, des militants d'Ensemble ! ont distribué une fois des tracts "A 100% pour la vaccination" hélas vite noyés dans la masse. Des militant.e.s NPA sont aussi venu.e.s distribuer un tract basé sur l’appel unitaire national contre le pass sanitaire et « pour une vaccination large et massive » publié dans Libération le 22 juillet. Signé par des représentant.e.s de la CGT, de Solidaires, du PCF, de LFI, d’EELV, du NPA, d’Attac, de la Libre pensée… il est encore à ce jour le seul texte porteur d’une possibilité de sursaut dans le marasme en cours. Bonnes idées donc, mais la diffusion de ces tracts est un peu passée à l’as. A mon sens, peu ou pas d’antivax les ont lus jusqu’au bout. Si cela avait été le cas, il y aurait eu des « incidents ». Il n’y a évidemment pas de place pour la promotion de la vaccination généralisée dans ces samedis. Le 14 août, une provax a pu le découvrir à ses dépends en portant une pancarte disant « Vax obligatoire, on n’a pas mieux aujourd’hui ». Un peu risqué, mais a priori jouable dans une « manif antipass » où vacciné.e.s et non vacciné.e.s sont sensé.e.s bien s’entendre au nom de la démocratie et de la liberté chérie. Hostilité générale avant qu’une manifestante vienne se ruer sur elle pour déchirer violemment la pancarte. Les morceaux de papier sont restés en plan devant l’Hôtel de Ville pendant que le couple provax battait prudemment en retraite sans que cela n’émeuve plus que ça les citoyen.ne.s manifestant.e.s apolitiques qui ont assisté à la scène.
    Nous en arrivons à ce 11 septembre où les militants CGT impliqués ont fini par être eux-mêmes pris à partie par Réinfocovid et ses clones sur l’air de « La CGT on en veut pas ! ». Des « trompettistes » usèrent de leur art pour étouffer l’intervention cégétiste honnie. Un bras de fer s’engage maintenant pour revendiquer la « paternité » des samedis houleux. A quoi ça rime ? Pourquoi vouloir négocier des miettes rances avec ces gens dont le pedigree est connu ?
    Ce qui devait arriver arriva donc. Malgré une apparente (et détestable) entente entre deux mondes opposés, les antivax de droite s’en prennent à tout ce qui ne rentre pas dans leur sale logorrhée. Par tactique légitime, des militant.e.s de gauche ont tenté d’être présent.e.s de diverses manières dans plusieurs villes. La vérité, c’est que partout et toujours, les mariages entre tourteaux rouges et lapins blancs sont contre nature. On ne compte plus à présent les menaces et les attaques contre des militant.e.s de gauche et d’extrême gauche présent.e.s minoritairement dans les rendez-vous du samedi. Il ne faudrait pas que ce qui se présentait au Havre comme une « ouverture d’esprit » se solde finalement par une fracture du crâne…
    Seules des initiatives autonomes et unitaires portées par des orgas politiques, syndicales et associatives antipass ET provax (Ohé, y’a quelqu’un ? Help !!!!), avec tracts, drapeaux et banderoles visibles, pourraient faire dévier le torrent populiste réactionnaire obscurantiste complotiste et j’en passe qui gangrène nos vies autant que le virus et les directives gouvernementales. Bref, il est grand temps de sortir du bois avec des revendications en phase avec ce que nous représentons, avec des hauts et des bas, à gauche, à l’extrême gauche, dans le mouvement libertaire, dans le monde syndical.
    Photos prises le 14 août au Havre par John Barzman.
     
    8
    Lundi 13 Septembre 2021 à 12:03

    Une réflexion intéressante, publique, de Pascal Colé sur sa page FB. Nous nous permettons d'afficher le lien vers elle dans l'intérêt du débat.

     

    https://www.facebook.com/pascal.cole/posts/10223319297642082 

     

    7
    Lundi 13 Septembre 2021 à 09:16

    PROPOSITION DE LA FONDATION COPERNIC SUR LES MANIFESTATIONS ANTI-PASS du 13/9/2021

    (paraîtra bientôt sur le site de la Fondation (http://www.fondation-copernic.org/), en attendant, en voici le texte envoyé aux abonnés)

    Manifester contre le passe sanitaire
    ou contre la politique libérale-autoritaire de Macron ?


    Des manifestations d’une ampleur inédite en période estivale se succèdent contre le passe sanitaire imposé d’une manière autoritaire par Emmanuel Macron.
    Il est donc évident « qu’il se passe quelque chose ». Mais quoi ?

    Ces manifestations expriment-elles seulement des délires complotistes accompagnés d’une prise de la rue par l’extrême droite ou font-elles émerger un mécontentement plus profond et multiforme ? Faut-il les réduire à ce qu’elles formulent directement ou bien faut-il y trouver des ferments de revendications justes ? La mise en scène constante par les médias de l’indignité des mouvements sociaux doit-elle nous conduire automatiquement à soutenir les manifestations actuelles ? Est-il envisageable que ce mouvement débouche sur des résultats positifs ? Faut-il y participer ou tenter autre chose ?

    Le pouvoir n’a cessé de se déconsidérer, non pas tant par ses volte-face dans la gestion de la crise sanitaire (quel gouvernement n’a pas tâtonné ?) mais par sa manière de faire, souvent contradictoire toujours autoritaire, affirmative, définitive, même lorsqu’elle louvoie (sur le caractère obligatoire du passe sanitaire), même lorsqu’elle fait montre d’incompétence (le retard initial sur la vaccination), même lorsqu’elle ment (sur les masques). La contestation de son autoritarisme est à la hauteur de sa déconsidération.

    Cette manière de gouverner renvoie à des questions maintes fois soulevées et qui ressurgissent encore. La Ve République, l’hyper concentration du pouvoir par une seule personne et l’effacement des contre-pouvoirs ne sont pas une découverte : mais ce système infantilisant, peu démocratique et qui ne laisse de place autre que formelle à la parole citoyenne est de plus en plus largement critiqué. Qu’un homme seul, dans un processus de délibération opaque, en particulier dans le cadre du Conseil de défense, puisse décider de mesures qui touchent l’ensemble de la population est inacceptable, le débat au Parlement n’ayant abouti qu’à des amendements à la marge.

    En tant que révélateurs d’une crise de la démocratie, les mouvements en cours sont la poursuite indirecte de la revendication des Gilets jaunes en faveur RIC ou encore une façon diffuse et peu structurée de réclamer une autre république, plus démocratique.

    A cela s’ajoutent les nombreuses et graves incohérences, qui dépassent les simples tâtonnements liés à la nouveauté et aux surprises réservées par la Covid 19 : la pandémie arrive au terme de plusieurs décennies de démantèlement des services publics en général et de la santé en particulier. Pire encore : elle n’a pas stoppé la casse, malgré le discours initial de Macron. Et la France continue de s’opposer à la levée des brevets sur les vaccins, comme s’il pouvait exister une solution uniquement nationale à une pandémie mondiale, et de priver ses écoles d’aérateurs et d’appareils de mesure de CO2.

    Enfin, la mise en place du passe sanitaire intervient à la suite d’une longue série de mesures qui portent atteinte aux libertés publiques, qui touchent particulièrement les quartiers populaires. Elle porte, en germe, le renforcement d’un pouvoir local de discrimination qui, ajouté au mépris distribué et à la soumission exigée, aboutit à une exaspération générale qui trouve là matière à s’extérioriser.

    Une forte contestation est donc née à l’occasion de la mise en œuvre du passe sanitaire et, à l’évidence, l’état actuel du mouvement ouvrier ne l’a pas désigné comme le recours évident pour donner des débouchés à ces contestations.

    Si le pouvoir est devenu doublement illégitime, pour sa manière de faire et pour ce qu’il fait, face à lui, l’apparence d’opposition structurée est essentiellement captée par l’extrême-droite et la droite extrême. Et les deux tentent de saisir l’opportunité politique de cette contestation, quitte à faire feu de tout bois (y compris en se faisant les chantres de la liberté et de l’anti-autoritarisme, ce qui ne manque pas de sel !).

    Que doivent donc faire les organisations de gauche et les syndicats ? Tenter d’enfourcher le cheval pour ne pas en laisser le monopole à l’extrême-droite ? Le regarder avec dédain en répétant que « les valeurs de ce mouvement ne sont pas les nôtres » et se retirer sur leur Aventin ?

    La question s’était posée pour le mouvement des Gilets jaunes. Après une courte phase de défiance voire de condamnation, la gauche anti-libérale s’y était ralliée, les syndicats beaucoup moins. Indubitablement, ce positionnement et la participation active de nombreux militants ont empêché que ce mouvement ne dérive éventuellement vers l’extrême droite, dans ce qui aurait pu devenir un scénario « à la brésilienne ».
    Est-ce à dire qu’il faut reproduire mécaniquement le même raisonnement et appeler à participer aux manifestations contre le passe sanitaire ?

    L’analogie avec le mouvement des Gilets jaunes n’est pas dénuée de sens : de même que le soutien à un mouvement contre la hausse du prix du gasoil pouvait apparaître incompréhensible pour une gauche qui veut donner de plus en plus de place à l’écologie, de même un mouvement contre le passe sanitaire peut la faire apparaître aux côtés des complotistes ou de l’extrême-droite.

    Cependant, la contestation de la hausse du prix du gasoil, point de départ du mouvement des Gilets jaunes, est rapidement apparue comme une étincelle qui a vite fait émerger d’autres revendications.

    A l’inverse, le mouvement anti passe sanitaire apparaît fortement teinté d’un double tropisme complotiste et d’extrême droite, parfois mâtiné d’antisémitisme.

    Est-il encore temps, est-il utile d’essayer de le « tirer » vers des revendications politiques et sociales en phase avec celles de la gauche anti-libérale ? Faut-il prendre le risque d’attiser les confusions ?

    Ce risque en vaudrait la chandelle si les chances d’infléchir le mouvement vers une contestation porteuse de perspectives émancipatrices étaient réelles.
    Mais la réalité et l’évolution des mouvements en cours apparaissent trop éloignées des objectifs et des valeurs de la gauche anti-libérale pour permettre cela.
    La confusion qui règne, les dangers qu’elle peut porter et la proximité de l’élection présidentielle devraient pourtant inciter à poser les vraies questions de santé publique, celle du service public de la santé, de la politique de vaccination en France et dans le monde, de la recherche sur les traitements, à revendiquer la fin d’une gestion libérale qui mène droit au désastre, exiger la levée des brevets sur les vaccins et porter, simultanément, les questions politiques sur les dérives anti-démocratiques de la Ve République.

    La seule issue raisonnable serait que la gauche anti-libérale et que les organisations de travailleurs prennent leurs propres initiatives de mobilisation, sur ces mots d’ordre.

    Si ces initiatives existaient, si elles apparaissaient suffisamment fortes et crédibles, elles pourraient rallier parmi les manifestants de l’été ceux qui ne sont ni antivax, ni complotistes, ni d’extrême droite (les uns ne se confondant, bien sûr, pas forcément avec les autres). Il n’est pas certain que cela fonctionne, ni que de telles initiatives parviennent à drainer la dynamique en cours, mais cela répondrait à une véritable attente, peut-être majoritaire.

    Faire cela, ce n’est pas « enfourcher un cheval » qui galope vite et bien mais qui semble bien mal embarqué : c’est tenter d’en lancer un autre, qui irait dans une autre direction, qui ne se contenterait pas de cristalliser un mécontentement confus aux objectifs douteux, mais qui tracerait une perspective politique et sociale à un moment où le besoin s’en fait cruellement ressentir.

    Pour que cela ait une chance de fonctionner, toutes les forces qui croient qu’il faut renforcer l’hôpital public, augmenter les salaires des personnels, améliorer leurs conditions de travail, rétablir les lits supprimés, généraliser la vaccination sur l’ensemble de la planète et s’insurger contre l’autoritarisme du pouvoir doivent converger.
    L’hypothèse d’une victoire contre la politique libérale-autoritaire de Macron à quelques mois de la présidentielle est une perspective qui devrait permettre de surmonter de nombreux obstacles : il faut non seulement l’espérer, mais tout mettre en œuvre pour que cela puisse se réaliser.

    La Fondation Copernic

    6
    JB
    Dimanche 12 Septembre 2021 à 11:56

    Une déclaration de Patrick Varache à propos des incidents à la manifestation du samedi 11 septembre

    Nous reproduisons ci-dessous une déclaration publique de Patrick Varache sur sa page FB personnelle "Patrick Varache" transmise par lui aux plus de 1600 abonnés de la page FB "Anti pass sanitaire Le Havre":

    Samedi 11 février 21
    Des incidents se sont produits aujourd'hui, lors du rassemblement.
    Dans un 1er temps des membres de réinfocovid, ont joué de la trompette volontairement pour couvrir la prise de parole de Fred, en criant la Cgt on n'en veut pas.
    Dans un 2ème temps une de ces membres à pris la parole pour dire que les syndicats n'étaient pas présents au début et que maintenant ils tentaient de récupérer le mouvement. En aparté plusieurs d'entre eux m'ont dit "vous avez récupéré le mouvement des GJ (juste amusant), ça ne se passera pas ainsi pour ce mouvement.
    Ensuite un olibrius excité et menaçant nous a insulté et traité de corrompus et de vendus à plusieurs reprises. Il apparait clairement que réinfo covid considère qu'ils sont les propriétaires du mouvement avec l'intention de nous en exclure.
    Samedi prochain je rappellerai les faits, ferai une mise au point et demanderai des explications sur ces comportements inacceptables. De leur réponse, de l'ambiance générale et du retour au mot d'ordre initial, dépendra mon implication (et probablement d'autres militants Cgt, pour ne pas dire tous), dans ce mouvement.
    Je rappelle que ce mouvement a démarré (au Havre) à l'initiative de qqls citoyens-nes le 17 juillet (dont des cégétistes) et que dès le 24 plrs militants de la Cgt se sont investi dedans, physiquement et matériellement, sans mettre en avant notre appartenance.
    Je rappelle aussi que le mot d'ordre initial était "non au pass sanitaire, oui aux libertés". D'autres notions, notamment anti et pro vaccin, se sont ajoutées sans que nous ne disions grand-chose. C'est une dérive qui, à mon avis, ne sert pas la cause des anti pass (d'autant que cela met en opposition les vaccinés et non vaccinés de la manif) et donne des prétextes aux syndicats et partis politiques pour ne pas soutenir le mouvement. Si c'est volontaire, alors il ne faut pas dire "ou sont les syndicats".
    Les militants Cgt (une 20taine) ne sont pas restés jusqu'à la fin, les réinfo covid ayant créé un climat délétère.
     
    Consultez le Centre d’information sur le COVID-19 pour des ressources sur les vaccins.
    S’informer sur les vaccins
     
    11Nancy LH et 10 autres personnes
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    5
    Eve76
    Samedi 11 Septembre 2021 à 17:55

    Le passe sanitaire est une mesure disciplinaire, qui oblige les citoyens à se contrôler mutuellement. Elle vise à un autoritarisme rapproché de nos comportements individuels, à leur banalisation et à leur acceptation.

    Tout ceci accompagne la remise en cause de nos droits sociaux les plus basiques, pourtant liés aux cotisations sociales financées par notre travail. Coercition autoritaire et remise en cause de nos droits fondamentaux vont de pair.

    Hors de question de mettre son étiquette syndicale ou politique dans sa poche !

    Toutes et tous dans la rue le 5 octobre pour défendre nos droits : retraites, chômage, salaires....

    4
    Samedi 11 Septembre 2021 à 16:13

    Alain Cantais: ton commentaire avec la citation d'Ariane Bilheran (d'ailleurs on dirait qu'elle a été automatiquement coupée par eklablog car elle s'arrête au milieu d'une phrase) ,est trop long. Peux-tu remplacer la citation d'Arian Bilheran par quelques mots et un lien vers le texte complet? Merci.

    3
    Cantais
    Samedi 11 Septembre 2021 à 11:27

    Appeler les scientifiques de réinfocovid , des "complotistes" est un peu facile... Prouvez-le! Quels intérêts défendent-ils? Certainements pas les leurs puisqu'ils sont exempt de conflits d'intérêts... Ce n'est pas le cas des membres du comité scientifique qui donnent ses ordres à Macron ...

    Eux au contraire donnent leurs sources lorsqu'ils informent des dangers potentiels de la vaccination : voir les explications de Christian Vélot, généticien  qui n'est pas contre les vaccins mais qui alerte sur les possibles recombinaisons génétiques qui peuvent induire des maladies pour les générations suivantes... Réinfocovod ne demande qu'à travailler de concert avec tous les scientifiques pour analyser et trouver les voies les meilleures pour endiguer les virus. Or ils ne sont pas invités à partager leurs points de vue mais au contraire sont exclus du débat scientifique, voire censurés... 

    Je précise que les rassemblements du samedi prônent la LIBERTE de vaccination et dénoncent l'ignominie du passe sanitaire qui ne sert qu'à contraindre à se faire vacciner. Dans mon entourage, je constate que peu de gens ( exeptés les personnes qui ont des facteurs de co-morbidités) se font vacciné par conviction de se protéger du virus mais uniquement pour garder leur boulot ou profiter des "plaisirs de la vie" (???). Ce passe ne sert qu'à diviser... y compris dans les familles... Votre lettre ci-dessus participe malheureusement à créer la division alors que vous vous désignés comme des rassembleurs !!!

    On a déjà vu ce genre de manipulation s'exercer dans le passé et les gouvernants utiliser la peur et la souffrance imposée pour dominer et imposer leurs idées, leur système économique, le contrôle généralisé des citoyens... Bref, la ploutocratie...(lire l'interview d'Arianne Bilheran ci-dessous)

    Venez au micro cet après-midi à 14h devant l'Hôtel de Ville du Havre pour exprimer votre point de vue.

    Partager nos idées, nos connaissances devrait nous aider à sortir de cette crise, non pas sanitaire, mais de société... Cela devrait construire l'unité des citoyens dans le respect des différences. C'est aussi le seul objectif que se fixe réinfocovid!!!  Si vous prenez la parole cet après-midi, je m'engage à défendre votre liberté de parole au cas où certains manifestants seraient injurieux à votre égard.

    Je vous invite à lire l'interview d' Ariane Bilheran (Psychologue spécialisée dans le harcèlement, la manipulation mentale  et la psychologie du pouvoir)

    Evidemment c'est un peu long à lire mais je l'ai fait et je ne regrette pas... lisez-le, je vous en supplie, car cela pourra peut-être vous éclairer... Comment informer (par vos lettres et tracts hebdomadaires) si vous ne vous formez pas? C'est ce que font les médias aujourd'hui: ils se contentent de répéter à l'envie ce que dicte le gouvernement... Ils n'enquêtent plus, ils ne se forment plus, ils ne réfléchissent plus ! C'est navrant  et je les plains! Les seuls journalistes qui auraient l'impertinence de parler avec une voix dissonante seraient vite limogés... Le syndrome de Stockolm s'applique partout y compris y compris dans la presse ! Est-ce que votre mouvement " ENSEMBLE" connait se syndrome? N'est-il pas en train de le subir lui aussi ? 

                                                                                              Nommer le Mal avec Ariane Bilheran


    On peut se demander si cette « guerre » contre le virus, annoncée par le président Macron, n’est pas devenue, à coups d’effondrement, une guerre psychologique vis-à-vis des peuples. Marion Bonny, ancienne femme médecin militaire formée aux maladies infectieuses et à la prise en charge de catastrophes sanitaires a même déposé une plainte à la Cour pénale internationale pour génocide économique, social, culturel[i]…  Vous avez une spécialisation dans l’analyse de l’art de la manipulation et les pathologies du pouvoir. Pouvez-vous nous présenter votre parcours et la façon dont vos études vous permettent de décrypter cette actualité ? 
     
    Ariane Bilheran : J’ai depuis toujours été plongée dans des environnements d’abus de pouvoir, ce qui m’a menée dès l’adolescence à penser les dérives du pouvoir, d’abord au travers de la philosophie morale et politique (Hannah Arendt et Hegel en particulier, puis j’ai fait un master de philosophie morale et politique en Sorbonne sur la maladie de civilisation selon Nietzsche) et ensuite à partir de la psychologie (harcèlement, manipulation, perversion, paranoïa). Durant une dizaine d’années, j’ai audité dans des entreprises de différentes tailles, cultures, pays, secteurs de métier, des cas de plaintes pour harcèlement. Cela m’a permis d’observer les collectifs lorsqu’ils se déconnectent du réel et laissent la place à des discours paradoxaux et sadiques. Je m’intéresse tout particulièrement à décrypter le mécanisme de « contagion délirante » entre individus et au sein des collectifs, mécanisme qui peut expliquer dans l’Histoire l’adhésion des peuples au totalitarisme et à différents crimes contre l’humanité.  Par ailleurs, mes études à l’École Normale Supérieure de Paris, en Lettres Classiques, m’ont donné de l’assise pour analyser la sophistique dans les discours, c’est-à-dire la présence de « faux raisonnements », lorsqu’un raisonnement paraît vrai mais ne l’est pas. Cette corruption du raisonnement s’enracine dans une perte de sens du langage. Un exemple aujourd’hui est de qualifier de « non essentiel » ce qui n’est en réalité pas « utile » du point de vue de la production capitaliste. L’utile désigne un outil au service d’une production technique et/ou économique. Cela n’a rien à voir avec l’essentiel, qui parle de notre essence d’être humain. L’art et la culture en ce sens sont absolument essentiels pour notre humanité. L’on voit bien que le choix des mots vient pervertir ou non le raisonnement qui les emploie, et entraîne un nouveau rapport au monde, plus maltraitant. Je m’intéresse aussi depuis longtemps aux néologismes, c’est-à-dire à ces « mots nouveaux » qui sont souvent un marqueur de folie individuelle et collective, comme l’avait déjà repéré Lacan ; « Complotisme » en fait partie.
     
    Vous avez été révélée aux yeux du grand public avec une interview réalisée pour le film Hold-Up. Quel est votre sentiment général sur ce que nous vivons aujourd’hui ? 
     
    Ariane Bilheran :J’étais déjà intervenue pour NEXUS en 2016[ii], où j’y décrivais exactement, sans pourtant être devin, la pente glissante sur laquelle nous étions engagés. J’y avais dit ceci : « La paranoïa porte en elle un projet de mort et pour cela elle utilise la terreur, le totalitarisme de la pensée unique, celui de l’interchangeabilité humaine, celui du contrôle absolu. La parole dominante est une propagande, dans laquelle les victimes de la terreur sont désignées comme coupables, et les résistants à la soumission comme des traîtres. La paranoïa désire créer un « homme nouveau », en niant les racines, les origines, les traditions, l’histoire et toute forme d’altérité. Sous son influence, le peuple se divise entre « amis » et « ennemis », ouvrant ainsi la voie aux guerres fratricides, ce qui nourrit l’expansion du pouvoir paranoïaque (« diviser pour mieux régner »). Le peuple, victime de ce pouvoir pathologique, présente des symptômes de souffrance de plus en plus importants : perte des repères, confusion psychique, sentiment d’impuissance, sidération. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, car il est englué dans cette manipulation de masse et cette sophistique paranoïaque. » Cela ne vous paraît-il pas décrire la situation actuelle ? Plus exactement, en 2010, j’avais déjà, dans un de mes livres, « Tous des harcelés ? » (Armand Colin) parlé de « totalitarisme rampant ». Aujourd’hui nous vivons un totalitarisme décomplexé, banalisé, et même revendiqué et souhaité par beaucoup, comme si le totalitarisme était un mode d’exercice du pouvoir justifiable et acceptable. Car, il faut poser la question : qu’est-ce qui justifie et autorise, pour l’humanité, sa soumission dans un régime totalitaire qui trace vraisemblablement des contours mondiaux (je renvoie au projet du Great Reset notamment) ? La réponse est simple : RIEN !
     
    Vous évoquez le mode de gouvernance de la crise que certains nomment « dictature techno-sanitaire » ?
     
    Ariane Bilheran :Certains parlent de « dictature sanitaire », mais le terme est absolument faux. La dictature en effet connaît une limitation dans le temps (6 mois maximum dans la Rome Antique), tandis que ce que nous vivons semble bel et bien être un « changement de paradigme politique », inattendu pour la majorité de la population. Ce changement est tout aussi violent qu’il a été soigneusement et cyniquement préparé par une petite ploutocratie mondiale sans scrupule.
     
    Une ploutocratie ?
     
    Ploutocratie est un terme de philosophie politique qui désigne un système de gouvernance où le pouvoir appartient aux riches (Ploutos était le dieu grec de la richesse). Curieusement, nous abandonnons l’analyse sous l’angle de la lutte des classes alors que nous atteignons un déséquilibre, jamais atteint à ce point dans l’Histoire, entre ceux, très minoritaires qui ont confisqué les richesses et les pauvres. Le régime totalitaire diffère des dictatures et des tyrannies en ce qu’il vise « la domination totale », c’est-à-dire s’immisce dans la totalité des sphères sociales, privées et intimes, jusqu’au psychisme des individus, et a pour « prétention idéologique » « la domination planétaire », je ne fais que reprendre l’analyse qu’en fait Hannah Arendt. Alors évidemment, ceux qui ont sorti la tête du guidon ont bien compris le programme à l’œuvre du « Great Reset », connu depuis longtemps par les chercheurs des coulisses du pouvoir, à savoir la suppression totale des libertés humaines, l’avènement sans limite du transhumanisme et du capitalisme marchand, tout ceci sous-tendu par des idéologies eugénistes et ségrégationnistes et une confiscation des ressources naturelles aux mains d’intérêts privés. Le « nouvel ordre mondial » a bien pour ambition la « domination planétaire » dont la surveillance de toutes les sphères sociales, privées et intimes de l’individu est un prérequis.
     

    C’est une crise de quoi exactement ce que nous traversons ? Et d’ailleurs, est-ce que c’est une crise ?
     
    Ariane Bilheran :Une crise, en grec ancien, c’est un moment où l’on discerne ce qui était caché. J’ai parlé, dans un article que j’ai écrit le 31 août 2020, de « déferlement totalitaire », et suis heureuse de voir que beaucoup se saisissent de mon expression pour désormais décrire la situation présente. C’est un déferlement totalitaire. Les gens qui pensent que j’exagère sont du même acabit que ceux qui nomment « avortement » l’infanticide d’un bébé de 9 mois (cf. projet de loi bioéthique). Ils sont des complices de la « banalité du mal », pour reprendre une expression qu’Hannah Arendt avait employée au sujet du haut fonctionnaire nazi Eichmann.
    Le déferlement totalitaire représente « le moment du négatif » en Histoire, comme le nomme le philosophe Hegel. C’est le moment où une civilisation s’effondre. L’effondrement est d’abord moral, comme le disaient les Stoïciens. Selon eux d’ailleurs, la corruption du langage n’était que la manifestation de la corruption morale, et c’est par la corruption des mœurs que l’Empire Romain s’est effondré. Eh bien je pense que nous sommes à l’aube de l’effondrement de notre civilisation. Est-ce qu’il convient de le précipiter ? Je ne le pense pas. Est-ce qu’il sera de courte durée ? Je ne le pense pas non plus. L’Empire Romain a mis plusieurs siècles à s’effondrer, et les mœurs des gouvernants n’ont plus rien à envier à celles de Néron. 
     
    C’est-à-dire ?
     
    Ariane Bilheran :Dans l’effondrement moral les quatre piliers qui tiennent la maison d’une civilisation ne sont plus opérants : interdiction du meurtre, interdiction de l’inceste, différence des générations et différence des sexes. Ces quatre piliers sont à entendre aussi dans leur complexité et leurs dérivés : l’interdiction du meurtre, c’est aussi celle du meurtre social (calomnie, diffamation, ostracisme…) ; l’interdiction de l’inceste, c’est aussi l’interdiction plus générale de sexualiser les enfants et de se les approprier sexuellement ; la différence des générations, c’est l’inscription d’une temporalité avant/après, qui empêche le déni des origines que revendique le totalitarisme (il s’auto-engendre et « après lui le déluge », c’est-à-dire que la responsabilité d’être articulé dans le temps passé/présent/futur d’une civilisation n’est pas inscrite) ; la différence des sexes, c’est la castration primordiale, et l’apprentissage de l’altérité : l’autre est autre, car il m’est profondément et structurellement différent, et c’est ce chemin vers l’autre que je dois déployer en moi, parce que, de par sa différence, il est aussi ma part manquante et complémentaire. Il faut bien comprendre que sans ces quatre piliers structurants du psychisme, la régression vers le délire et le passage à l’acte (meurtre, inceste, transgressions en tout genre) est certaine. Et je pense que notre civilisation est mûre pour ce niveau d’effondrement.
     
    Quels sont les différents mécanismes à l’œuvre dans l’effondrement identitaire auquel nous assistons ?
     
    Ariane Bilheran :Je ne sais pas s’il s’agit d’un effondrement identitaire. Il s’agit à mon sens d’un long processus de perte de la transmission, qu’avait déjà mise en lumière Hannah Arendt, concernant la crise de l’autorité. Je renvoie à mon livre Psychopathologie de l’autorité. Il n’y a que l’autorité (à ne pas confondre avec autoritarisme ou laxisme) qui permet de transformer, en ramenant l’être humain à une posture d’humilité, les pulsions humaines en des œuvres humanisantes et des idéaux structurants qui font barrage au chaos. Ce qui n’est pas autorité est destruction de la civilisation. La perversion et la paranoïa sont deux pathologies qui n’ont précisément pas accédé au complexe d’Œdipe, étape fondamentale qui permet l’ouverture à la temporalité (origine, filiation), à la moralité, à l’éthique, à l’altérité, à la dimension de l’universel. En même temps que nous sommes les enfants de nos parents, nous sommes les enfants d’une généalogie, d’une histoire, d’une culture, d’une identité. Parce qu’il y a transcendance envers nos ancêtres, mais aussi transcendance envers l’idée d’un infini qui serait parfaitement bon, bien, juste et beau, nous sommes en quête de nous dépasser pour ne pas décevoir les premiers, et nous perfectionner au regard du second.
    Mais je ne suis pas surprise. La crise est apparue clairement en 2020 au travers d’une idéologie politique pseudo-sanitaire et  a dévoilé beaucoup de choses, en particulier le rôle des médias de masse dans le lavage de cerveau, et leur passion du sensationnel au détriment du rationnel. Ces médias ont une immense responsabilité dans le renoncement à l’esprit critique ; l’exposition d’opinions tient le haut du pavé, en lieu et place de véritables raisonnements. Pour cela, il aurait fallu que nos sociétés ne renoncent pas si facilement à la recherche de la vérité, et à ses conditions. Tout ceci est le fruit d’un renoncement d’abord moral, qui s’enracine selon moi dans le « il est interdit d’interdire », le règne de la consommation immédiate et de la jouissance sans freins. Ceci est le règne pervers, et en psychologie, nous savons que la perversion est la reine mère des paradoxes qui sidèrent la pensée et empêchent la construction d’un lien social. La perversion est ce qui corrompt le lien, par nature. La paranoïa peut lui emboîter le pas pour créer de « nouveaux liens », une « nouvelle normalité », « un homme nouveau », et ces liens sont fondés sur l’illusion délirante.
     
    Cette « illusion délirante » a-t-elle été encouragée par le confinement dont le mécanisme aurait permis de « diviser pour mieux régner » ?
     
    Ariane Bilheran :Cette illusion délirante peut surtout proliférer à la faveur de la destruction perverse du lien social et de nos valeurs ancestrales. Regardons le texte en cours sur la loi bioéthique : il autorise l’infanticide (9 mois) mais le nomme « avortement ». Le texte a voulu même supprimer le droit pour les médecins à la « clause de conscience », en clair il a été question d’exiger des médecins de tuer des bébés de 9 mois et de ne pas pouvoir y déroger. Le planning familial, il continue à ne pas vouloir poser un âge minimum pour le consentement sexuel. Ce même planning familial, comme d’autres associations et enseignements idéologiques à l’Université ou encore l’OMS, promeuvent les « droits sexuels » et « l’éducation sexuelle » issue de l’idéologie criminelle de Kinsey, un violeur psychopathe d’enfants qui s’est suicidé en s’émasculant et dont les travaux ont été financés par Rockefeller. Je renvoie à mon livre L'imposture des droits sexuels : Ou la loi du pédophile au service du totalitarisme mondial (Create Space Independent Publishing Platform, 4ème édition 2020), à celui du pédiatre et pédopsychiatre Régis Brunod Préserver l’innocence des enfants (Les Éditions du Bien Commun, 2020), et aux nombreux ouvrages de la professeur d’Université américaine Judith Reisman[iii]. En 1991, le Lancet a exposé la méthodologie d’abus sexuels des enfants de Kinsey, en indiquant qu’il s’agissait de faire la promotion de la « normalisation » de la pédophilie (vol. 337, mars 2, 1991, p. 547). The German Medical Tribunethe British Medical Journal et The Lancet ont demandé que l’Institut Kinsey fasse l’objet d’investigation pour avoir couvert des crimes sexuels massifs contre les enfants et avoir promu une science frauduleuse. Cette investigation n’a malheureusement pas été faite, et Kinsey est abondamment enseigné dans les Universités aujourd’hui pour justifier de la sexualisation précoce des enfants, tandis que SIECUS, l’organisme de « pédagogie sexuelle » de l’institut Kinsey est promu activement par l’OMS qui en fait sa référence « scientifique » principale. Et l’on nous prétend que c’est de la « science », et que sexualiser l’enfant va le libérer et l’émanciper. Ceux qui croient qu’il s’agit de « prévention » sont bien naïfs, ou n’ont rien compris, ou sont bien compromis. La perversion transgresse et jouit de la transgression tandis que la paranoïa en recueille les fruits pour enrégimenter les esprits. Tout est lié : sans perversion, le pouvoir ne peut parvenir à devenir totalitaire. Dans la loi bioéthique, on envisage des chimères hommes/animaux. Dans le même temps on réalise des expériences folles avec des dizaines de milliers de satellites autour de la terre[iv], l’implantation d’une clé USB dans le cerveau d’un cochon[v] ou la création en laboratoire de viande à base d’un sérum fœtal de veau [vi], tandis qu’un autre ploutocrate fait des déclarations sur son désir d’« obscurcir le soleil »[vii]
     
    Parfois, j’ai l’impression de vivre dans un hôpital psychiatrique à ciel ouvert !
     
    Nous nageons en effet en pleine démesure ! Les valeurs de notre civilisation se sont effondrées, laissant place à la marchandisation des corps, leur prostitution (que l’on nous vend comme une « liberté » et une « émancipation », « le droit à disposer de son corps », un corps exploité par le capitalisme et les relations de prédation…), leur location (location des ventres des femmes pauvres dans la GPA), la vente et l’achat d’organes (notamment chez le fœtus) mais aussi d’humains en entier (bébés)[viii], la destruction du vivant et l’appropriation prédatrice de ses ressources. Politiquement, la gauche a trahi le peuple et ses enfants, en ne les protégeant pas de ce capitalisme marchand sur leurs corps et leur intime, et en promouvant, sous couvert de « liberté », de « progrès » et « d’émancipation » des idéologies telles que les « droits sexuels et reproductifs », qui sont pour le coup la manifestation d’un patriarcat des plus archaïques sur les femmes, les enfants, les handicapés, les autistes et les personnes âgées en particulier, mais également une mainmise des riches sur les corps des pauvres, il suffit de remonter à l’origine des concepteurs de ces idéologies pour le comprendre, et rien n’est aujourd’hui caché ni de leurs ambitions politiques ni de leurs déclarations publiques pour qui fait l’effort d’investiguer un tant soit peu. A mes yeux, la liste des crimes contre l’humanité aujourd’hui est interminable.
     
    La corruption est à la fois systémique et endémique. Le fait même d’octroyer 55 euros aux médecins pour chaque déclaration de Covid-19 ou suspicion de cas est effarant !
     
    Ariane Bilheran :Oui c’est une tentative de corruption. La même chose a été faite dans certains pays pour les déclarations de décès sous COVID. Le silence massif des intellectuels, voire leur collaboration, est un scandale moral en même temps qu’un symptôme de maladie de civilisation. (Soupir).
     
    Nous sommes face à la suppression totale de ce qui humanise : la respiration, le toucher, la culture, les funérailles. Est-ce une faillite totale du lien social, symbolique, imaginaire… Comment réensemencer les imaginaires ?
     
    Ariane Bilheran :Lorsque nous sommes pris dans une néo-réalité délirante, qui ne correspond plus à un rapport raisonnable et raisonné à une réalité partagée, il faut d’abord comprendre ce dans quoi nous sommes pris. Cela implique une prise de distance par rapport à ses propres émotions, et pour cela je recommande un retour aux Stoïciens, qui nous ont donné bien des clés pour nous tenir droits dans un monde chaotique. Que s’est-il passé ? Comment cela a-t-il opéré ? Comment les discours ont-ils ont évolué ? Quels sont les événements qui justifient ou non les discours et les prises de décision politiques ? Quelles sont leurs conséquences ? Sont-elles acceptables ? C’est un travail rétrospectif qui, aujourd’hui, fait clairement partie du sujet secret, interdit, que personne ne doit toucher. Il faut lever ce tabou et que des penseurs vertueux et honnêtes, retroussent leurs manches pour opérer ce travail. Qu’est-ce qui, à l’origine, a fondé toutes ces décisions ? C’est une question majeure, car une décision politique crée un précédent qui est ensuite dupliqué. Il faut revenir à la racine. Donc, avant de parler d’imaginaire, qui peut être une fuite eu égard à la violence de la réalité, il faut aborder le traumatisme collectif avec les outils de la raison, pour faire un travail d’historien et de philosophe, mais aussi de psychologue qui analyse les mécanismes déployés sur les populations. On ne s’en sortira pas avec du déni, ni avec des mécanismes de défense tels que la banalisation de la violence, l’illusion du « nouveau monde » qui arrive et vient nous sauver, et encore moins avec de l’amnésie traumatique !
     
    Le langage est perverti, des mots étiquettes et des néologismes tels que « rassuristes », « covidosceptiques » agissent comme des massues pour écraser la pensée. Que dire de la manipulation du langage ?
     
    Ariane Bilheran :Le langage paradoxal relève des processus pervers. Il peut ainsi être utilisé pour sidérer la pensée et la vider de son sens. La présence de nombreux néologismes peut être la marque d’un délire psychotique, et ce dernier lorsqu’il est paranoïaque, peut être collectif. C’est exactement ce que l’on voit à l’œuvre dans la mécanique des sectes.
    La science médiatisée est devenue le domaine du dogme inquisitorial et de la croyance. Einstein rappelait l’importance essentielle de l’expérience pour acquérir de la connaissance, tout le reste n’est que de l’information. Il faut donc toujours confronter les faits avec le discours officiel. Hannah Arendt écrit que dans le totalitarisme les faits ne concordent plus avec la fiction officielle et sont traités comme irréels. Cela s’appelle en psychopathologie : un délire. Pourquoi n’avons-nous pas pu entendre, sans hurlements de harpies, les retours d’expérience des médecins de terrain ? Pourquoi leur a-t-on supprimé même le droit à l’expérience (notamment pour le droit de prescrire en conscience) ? Tout est organisé autour de la croyance religieuse que l’humanité est en grave danger. Ce grave danger, posé en premier principe affirmatif non contestable, n’est jamais interrogé, et il justifie un tas de mesures liberticides d’exception.  La science peut délirer, lorsqu’elle est coupée du terrain et de tout bon sens, et se retrouve sous le joug de conflits d’intérêts, d’opportunismes politiques et d’emballements médiatiques. Déni d’experts et délit d’opinion sont deux marques de fabrique de la pathologie paranoïaque dont je parle. Paranoïa, perversion et psychopathie sont les champions du système totalitaire, aidés dans leur réalisation par beaucoup de gens qui régressent en névrose obsessionnelle grave (la névrose obsessionnelle est une névrose qui, dans sa forme sévère, tend à se soumettre par croyance religieuse et rétrécissement du champ de conscience à « j’ai obéi aux ordres », sans aucune critique de ces ordres, avec peu d’affect et avec d’ailleurs souvent des traits hypocondriaques) et « fonctionnent ».
    De même qu’il existe un psychisme individuel, où « le Moi n’est pas maître dans sa propre maison » (Freud), il existe un psychisme des groupes, et un psychisme des peuples, en ce sens qu’il existe des régressions psychiques de groupes (ex. : sectes), et de peuples (phénomène totalitaire) où la folie envahit l’espace social. Cela fonctionnera selon les mêmes processus psychopathologiques.
     
    Comment sortir de ce processus sectaire ?
     
    Ariane Bilheran :Quand quelqu’un est entré dans une secte, il n’est plus accessible aux arguments logiques. Victor Klemperer qui a étudié la langue du IIIème Reich mentionnait un jeune Nazi qui, suite à l’effondrement du nazisme, demeurait dans l’idéologie. Il l’était notamment parce qu’il utilisait encore la langue trafiquée du nazisme. Je pensais jusqu’à récemment que c’est parce que la langue devenait corrompue qu’elle corrompait les esprits, mais les Stoïciens disent l’inverse, à savoir qu’une langue corrompue est le marqueur de la corruption morale des esprits. Il est stupéfiant de voir que ces néologismes sont également repris et adoptés par la résistance. Je suis en train de référencer ce nouveau vocabulaire entré dans le champ social, j’en suis déjà à environ 50 nouveaux mots ou expressions. Lorsque l’on sait que quelqu’un en France qui a un vocabulaire pauvre, détient environ 400 à 500 mots pour parler, 50 nouveaux mots c’est énorme (rassuristes, complotistes, conspirationnistes, révisionnistes, covidosceptiques, covidofriendly, skypero, coronapero, distanciel, etc.). J’ai relevé essentiellement trois champs lexicaux majoritaires : la guerre et la persécution (couvre-feu…), le sanitaire-hygiéniste (cas contact, foyer infectieux…) avec des accents parfois religieux, où la santé est définie en creux comme absence totale de potentielle maladie (ce qui est impossible par définition) et le numérique (skypéro, coronapero, distanciel…). Si l’on accepte la langue du colonisateur, on s’est déjà laissé coloniser. Il faut refuser ces néologismes, ces expressions toutes faites, les questionner et ne pas les employer, car ce faisant l’on contribue à renforcer le délire qui, pour s’imposer, a besoin de déstructurer et de coloniser notre langue, qui est notre patrimoine commun.
     
    Comme le dit Hannah Arendt, le risque n’est-il pas que « quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez à ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien ? [...] Et un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d'agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et l’on peut faire ce que l’on veut d’un tel peuple. »[ix]
     
    Ariane Bilheran :Oui, c’est vrai. L’écrivain et théoricien Guy Debord [1931-1994] disait : « le vrai est un moment du faux », cela désigne une société folle où la vérité est relative, on la retrouve dans quelques interstices du discours, mais sa recherche n’est plus fondamentale. Ce renoncement à la vérité pour lui préférer le spectacle, nous en sommes tous responsables. Combien de pseudo-malades vrais acteurs à la télévision ? A qui cela importe que l’on nous vende de la fiction pour de la réalité ? Par exemple, la confusion est savamment entretenue dans les décès entre les morts du coronavirus (dont le coronavirus est la cause du décès) et des morts avec le coronavirus (le coronavirus était présent sans être la cause du décès).
    La confusion est là depuis le départ : sur les « cas positifs » (amalgame entre des gens qui ont des symptômes et des gens simplement porteurs du virus, et encore, dans quelle mesure) ; sur les « patients » pour des gens qui sont bien portants et viennent se faire vacciner ; et lorsque l’on ne dit pas un mot des sérologies des gens que l’on veut vacciner, etc.
    Le mathématicien et maître de conférences Vincent Pavan a mis en lumière le problème de départ qui est le suivant : quand, à l’origine des décisions politiques, l’épidémiologie se veut une réponse totalisante aux problèmes du réel, sans autocritique ni confrontation à l’expérience, avec une seule lecture qui tient moins du pronostic que de l’oracle et s’improvise en certitude absolue. Donc la situation actuelle n’est pas fondée sur une recherche de vérité, laquelle doit toujours se confronter à l’expérience. Aucune science n’a le degré de certitude des mathématiques, et l’épidémiologie, parce qu’elle parle du réel de l’expérience humaine, et est donc de ce fait une science opérative, ne peut avoir le degré de certitude des sciences spéculatives C’est l’expérience, notre lien au réel, qui nous permet également de ne pas créer un discours délirant totalisant qui s’affranchit du réel !
     
    Or par une multitude de subterfuges, nous avons perdu ce lien au réel…
     
    Ariane Bilheran :Oui ! Dans le réel depuis un an, les gens souffrent considérablement des mesures politiques, et cette donnée devrait être prise en compte. Je ne veux pas réfléchir selon une logique bénéfices/risques qui, selon moins, fait également fi de ce principe moral intangible : l’être humain n’est pas un moyen. Il est une fin. En clair : RIEN, absolument RIEN, ne justifie la maltraitance d’un être humain. Et autrement dit : la fin ne doit pas justifier les moyens !
    Dans le réel, les chiffres oraculaires annoncés par un épidémiologiste mondial, Ferguson, ne se sont pas réalisés[x]. Donc le modèle et le paradigme ne sont pas opérants. En fait, le paradigme n’est pas opérant comme tout paradigme scientifique qui prétend régir la vie humaine en lieu et place du paradigme philosophique du libre-arbitre humain, à savoir : l’être humain est un être de liberté et de transcendance ; il n’est pas un moyen ; il est politique au sens où ce qui l’humanise est de faire société.  Concernant la politique vaccinale elle-même, nul n’ignore qu’elle est en soi une expérimentation à grande échelle[xi]. En clair, nous êtres humains servons d’objets d’expérimentation. Comment l’être humain, qui est en soi un sujet et une fin, pourrait-il « consentir » à devenir un objet et un moyen ? Le paradoxe est dans la proposition, et il n’est pas tenable.
     
    De plus, il n’y a aucun consentement éclairé puisque les populations ne savent pas qu’elles sont l’objet du stade 3 de l’évaluation du vaccin. Cela renvoie au code de Nuremberg qui protège les populations d’expérimentations à grande échelle.
     
    C’est l’avènement du capitalisme marchand pour seul horizon. La confusion est totale. Même lorsque les propos de certains spécialistes sont très clairs, des influences sur les réseaux sociaux viennent les rendre confus et les embuer. L’OMS paie des influenceurs, le cabinet Hill+Knowlton Strategies9, et les gouvernements paient des cabinets de consulting privés, c’est un glissement à l’œuvre depuis des années… très loin du Bien Commun.
     
    Ariane Bilheran :Effectivement,  le cabinet McKinsey, l’un des cabinets qui orientent l’État français sur sa politique vaccinale, vient d’être contraint de payer  une amende de 573 millions de dollars aux autorités américaines pour avoir contribué à la crise des opiacés, qui a rendu plus de deux millions de personnes dépendantes en 2018 et entraîné 400 000 décès en moins de vingt ans[xii]….
     
    La corruption ne trouve de limites que celles qu’on lui met ! C’est pour cela que la priorité est d’analyser ce qui s’est passé, de reprendre les événements et les discours dans leur chronologie, et de revenir au premier principe. Par exemple pourquoi la décision de confiner la population a-t-elle été prise ? Qu’est-ce qui justifiait une telle décision ? Qui avait dit que le confinement était pertinent et sur quelles études, sachant les dommages collatéraux immenses sur une population ? Quelle était la légitimité et cela a-t-il fait l’objet d’une analyse prudente et d’un débat entre experts sans conflits d’intérêt ? Quels sont les réseaux d’influence à l’œuvre au niveau mondial, sur le plan idéologique, politique et financier ?

    Il faut réintroduire du doute sur ce que l’on nous assène comme des évidences et comme une certitude délirante. La France est le pays de Descartes ; elle doit réclamer cet héritage du doute nécessaire à la remise en cause du dogme ! Car au fond, aujourd’hui, pour beaucoup, peu importe que le mensonge soit le ciment de la « nouvelle normalité » depuis un an. Peu importent les promesses non tenues, les discours déconnectés de la réalité, la croyance délirante qu’il « faut éradiquer le virus », ou encore que « l’humanité est en grave danger ». Il s’agit, sur la base du mensonge dominant, d’éradiquer le sujet humain interagissant avec le monde, un sujet créatif, imprévisible, désirant, parlant, possédant un corps vivant ; il s’agit de le réduire à une conception mécanique du corps : un corps potentiellement malade sous l’attaque d’un virus qui lui est étranger. Rien n’est plus faux, sur le plan biologique, que de considérer un « virus » comme un corps « étranger » à soi-même, sans embrasser une pensée complexe d’interactions du virus (non-soi) avec son terrain et son système immunitaire. L’humain est alors réduit à un corps mécanique inerte, à des fonctions vitales minimalistes, qui se corrompt par un ennemi invisible extérieur à soi, telle est la conception politique actuelle agissant sur nos forces vives et notre humanité. Cette haine et cette phobie du vivant s’illustrent dans la prohibition de nos mouvements, mais aussi désormais de nos paroles et de nos chants.  Je renvoie à l’interdiction de chanter dans les crèches, à l’encouragement à se taire dans le métro, à l’interdiction d’accéder à des espaces de nature avec les confinements et couvre-feux. C’est sans précédent dans l’Histoire de l’humanité (sauf dans le nazisme, pour une grande partie des mesures sanitaires actuelles, au prétexte d’éradiquer l’épidémie de typhus[xiii]) ! Le premier délire de toute-puissance consiste à avoir l’illusion que nous allons pouvoir contrôler la propagation d’un virus. Chaque jour nous entrons en contact avec des millions de bactéries, de virus et de parasites. Pour le professeur Rob Knight, de l’Université de Californie à San Diego, 57% des cellules composant le corps humain sont l’ensemble des micro-organismes vivants en nous.
     
    Concrètement, comment cela fonctionne ? C’est un système ?
     
    Ariane Bilheran :Un système est un ensemble dont le tout crée autre chose que la somme des parties. La paranoïa collective est un système. Je veux dire par là que l’expliquer par des dirigeants fous n’est pas suffisant. Il faut bien qu’ils soient relayés. Par exemple, Emmanuel Macron s’est revendiqué d’un pouvoir de type jupitérien, avec une idéologie délirante et totalisante d’essence messianique (« la Bête de l’événement est là, et elle arrive »). Il a le sentiment de représenter plus que lui-même : « Il faut être disponible pour le destin » dit-il ! Ce délire collectif a comme finalité la jouissance illimitée. Et il expose, pour racheter une « faute » supposée originaire, au sacrifice expiatoire de tous.
     
    Les gens sont perdus face aux injonctions paradoxales du gouvernement et aux informations contradictoires. Mais cette crise ne serait-elle pas aussi le fruit de notre ignorance, et d’une tendance à la soumission largement étudiée par les psychologues après-guerre, qui nous pousse à accepter la violation de la majorité de nos droits fondamentaux (droit au travail, au déplacement, liberté d’opinion) ?
     
    Ariane Bilheran :C’est l’éternelle question du psychisme des masses, de même que celle, encore bien obscure, des mécanismes d’entrée dans la contagion délirante ou encore des conditions de sortie du déni. Le traumatisme est un choc à l’intégrité, qui entraîne une blessure psychique et émotionnelle. Tant que cette blessure n’est pas soignée avec un pansement qui tient la route, on se cogne de nouveau au même endroit. C’est la répétition traumatique.
    La majorité de la population est prise dans le narratif délirant des médias, qui raconte une histoire d’angoisse généralisée, qui ne correspond d’ailleurs pas à ce que nous vivons dans notre quotidien. Ce film d’horreur fonctionne par suggestions hypnotiques et répétitions incessantes. Chaque fois, la partie est prise pour le tout, avec un effet loupe sur l’une des composantes qui remplit désormais le champ entier de la vie des gens. Tout cela manque gravement de rationalité et de mesure.
     
    Quels sont les profils qui sont « mieux armés » que d’autres pour faire face à ces manipulations ?
     
    Ariane Bilheran :Je constate que ne sont pas nécessairement perdus, entre autres : ceux qui ont eu des parents maltraitants voire délirants et qui ont travaillé sur leur enfance, eux n’ont pas perdu leur lucidité ; la majorité des pauvres qui n’ont aucune naïveté sur le fait que des très riches et puissants leur voudraient du bien, et n’ont aucun mécanisme d’identification à ces décideurs politiques et économiques ; ceux qui ont la nécessité d’être ancrés dans la réalité (ex. : le paysan qui travaille la terre). Ces derniers ne s’identifient pas aux décideurs politiques, et l’absence de ces mécanismes d’identification les empêche d’être sujets au syndrome de Stockholm qui est la défense de son propre bourreau ; et enfin ceux qui ont une vie morale et spirituelle réelle de valorisation de la vie (je ne parle pas d’une fausse spiritualité de groupes avec des canalisations destinées à fuir le réel), par exemple certains artistes, poètes, philosophes, penseurs et créateurs, qui savent qu’ils sont toujours les cibles premières des pouvoirs totalitaires, parce qu’ils manifestent dans leurs créations artistiques et leurs réflexions l’aspiration à la liberté humaine. Ce qu’il faut comprendre c’est que, lorsque l’on a été manipulé, il est très difficile d’en prendre conscience et de revenir en arrière. Il nous faut tous ce courage et cette humilité, et je souhaite que des experts neutres, indépendants, issus du peuple et sans conflits d’intérêt se penchent sur un bilan de l’année écoulée. Mais lorsque j’entends même des philosophes adhérer à des termes comme « complotisme », ou dire que les complotistes sont des paranoïaques sans jamais définir ni le premier ni le second terme, je me dis que ce n’est pas gagné ! Ne s’en sortent pas ceux qui ont des mécanismes d’identification avec les gouvernants. Personnellement j’ai grandi dans une banlieue ouvrière dans laquelle le peuple se méfiait des ambitions des puissants, de ceux qui veulent toujours plus de privilèges. Les pauvres savent que le pouvoir ne se préoccupe jamais de leur sort, et que les Robins des bois, c’est surtout dans la fiction que cela existe. Cette ligne de fracture est fondamentale. Combien de pauvres en plus en 2020 ? Contre combien de riches ? On reconnaît l’arbre à ces fruits !
     
    À vous entendre parler, il y aurait donc une préméditation et une instrumentalisation ?
     
    Ariane Bilheran :L’hypothèse la plus plausible est que cette crise a été orchestrée par des ploutocrates et que c’est un complot contre les peuples. Beaucoup de gens au sein des peuples ont rapidement abdiqué, par confort, usure, lassitude ou manipulation, mais aussi soumission les entraînant dans la défense de leurs bourreaux. Les gouvernants sont encore et toujours vus comme des bons parents, malgré les incohérences, les contradictions et les manifestations d’absence totale d’empathie envers les peuples. Mais quand un pouvoir veut imposer une version officielle, en ridiculisant ou condamnant toute autre version alternative, cela s’appelle de la propagande, de la pensée unique, et de la mise au pas. Évidemment, pouvoir et conspiration ont toujours fonctionné ensemble : l’incendie du Reichstag attribué aux communistes par les nazis, etc.
     
    En clair, les complots sont nombreux et sont orchestrés par ceux-là mêmes qui crient au complot ?
     
    Ariane Bilheran :Les paranoïaques étant souvent à des postes de pouvoir, ils complotent, et adorent ces complots de secrets et d’arcanes, tout en accusant autrui de comploter à leur place, car la paranoïa fonctionne sur la projection (accuser l’autre de ce que l’on fait soi). Cela n’empêche pas qu’il puisse y avoir aussi de grands délirants paranoïaques chez ceux qui investiguent les coulisses des premiers, les choses ne sont pas binaires, à l’inverse de la pensée monolithique paranoïaque. En revanche, ce qui a évolué, et pas dans le bon sens, c’est d’une part l’impossibilité de nommer et de penser ces complots, une criminalisation de la pensée qui montre bien qu’investiguer sur ces complots est devenu interdit car sans doute dangereux pour les comploteurs ! Et d’autre part, c’est aussi ce que Soljenitsyne nommait « la docilité » des citoyens. Il note que la réaction majoritaire de ses concitoyens était : « pusillanimité, impuissance, fatalisme. » De plus, les temps totalitaires sont toujours propices à laisser émerger la part sombre que l’on refoule en temps ordinaire. Par exemple, parmi les « bons citoyens », ceux qui soutiennent la certitude délirante de l’objet fétiche du « vaccin sauveur », pourraient se croire légitimés à incriminer et persécuter les « mauvais » citoyens, et devenir tout à la fois juges, policiers et vengeurs du pouvoir en place.
    Dans L’Archipel du goulag, Soljenitsyne précise « à mouton docile, loup glouton ». Le manque de résistance chez les peuples, s’il perdure, entraînera un totalitarisme d’une violence inouïe et d’un arbitraire démesuré, puisque non freiné. Il est donc indispensable de résister. Et il convient de se rappeler que le pouvoir totalitaire frappe toujours de façon arbitraire, en clair, même si vous vous êtes fait tout petit dans un coin en pensant que l’on ne vous verrait pas, vous deviendrez une cible. Résister n’est pas une option facultative pour l’avenir de l’humanité.
     
    Droit de respirer, de se déplacer, de travailler… Allons-nous vers un système de crédit social à la chinoise ?
     
    Ariane Bilheran :Ce droit à la vie es

      • Gilles
        Mardi 14 Septembre 2021 à 14:25

        Bonjour,

        En ce qui concerne les membre de Réinfo-Covid qui seraient exempts de tout conflit d'intérêt, je ne trouve pas mieux que cette analyse fouillée, qui montrent bien quels intérêts ils défendent. Preuves à l'appui.

        https://lahorde.samizdat.net/Qui-sont-les-animateurs-de-Reinfocovid

        Je crois que c'est suffisamment clair. Il y a sans doute des gens qui suivent Réinfocovid en toute bonne foi, car ils doutent. Mais ils se font manipuler.

        Gilles

      • Samedi 11 Septembre 2021 à 12:14

        Bonjour,

        Nous répondrons sur le fond ici-même bientôt.

        Dans l'immédiat, juste une petite réponse sur une phrase : "Venez au micro cet après-midi à 14h devant l'Hôtel de Ville du Havre pour exprimer votre point de vue."

        Nous sommes déjà venus distribuer un tract sur à la fois la nécessité de la vaccination, et notre opposition au passe-sanitaire (dont on n'aurait pas eu besoin si tout le monde acceptait de se faire vacciner). L'accueil fut mitigé. Un autre samedi (14 août) une camarade s'est vue déchirer sa pancarte qui ne proclamait que "vax obligatoire = on n'a pas mieux aujourd'hui" (la manif n'était pas anti-vaccin, soi-disant). Elle s'est fait traiter de "conne", "collabo", "va crever". Un autre de nos camarades s'est pris en pleine poire, pour la première fois depuis qu'il milite (50 ans), des injures antisémites. 

         Donc, merci pour l'accueil du samedi, mais il semble que l'idée que ce mouvement se fait de la démocratie n'est pas la même que la nôtre.

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