• Réflexions après la marche pour le climat et la justice sociale – paix, Ukraine, submersion, nucléaire, capitalocène

    Réflexions après la marche pour le climat et la justice sociale –paix, Ukraine, submersion, nucléaire, capitalocène

    La crise climatique est insuffisamment présente dans la présentation des élections présidentielles par les média. Pourtant, ce n’est pas l’actualité qui manque : rapport du GIEC, les centrales nucléaires ukrainiennes en danger, menace de guerre atomique, relance du nucléaire par Macron, températures aux pôles Nord et Sud. Quai du Rassemblement propose un dossier composé de quatre interventions autour de la marche climat du 12 mars au Havre, d’une affiche de 2022 Vraiment en Commun, et d’un argument pour mettre fin au capitalocène d'Hendrik Davi.

    • 1. Ukraine et climat, Alain Ponvert, pour ATTAC Le Havre
    • 2. Crise climatique et système capitaliste, par Evelyne Barq pour Ensemble ! Le Havre
    • 3. Le danger de submersion du Havre, par Pierre Bouysset, pour La France Insoumise
    • 4. Le nucléaire n’est pas la solution à la crise climatique, par Annie Leroy, Ecologie pour Le Havre
    • 5. Pour le climat, unissons-nous (vignette 2022 VEC)
    • 6. Du rapport du GIEC au vote Jean Luc Mélenchon, par Hendrik Davi

    Le 12 mars au Havre

    Beaucoup de rassemblements ce 12 mars 2022 en France, mais moins de participants (environ 150 événements selon Basta !, et 80.000 personnes selon ATTAC). Les organisateurs de la journée ont choisi « Look Up » (Levez les yeux ») comme label de la journée, d’après le film à succès sorti en 2021.

    Au Havre, environ 150 personnes, pour une action devant l’Hôtel de Ville appelée par un collectif auquel participaient des militants de Ecologie pour Le Havre, LFI, la Ligue des Droits de l’Homme, Extinction Rebellion, Ensemble !, ATTAC, le Mouvement de la Paix, le député du Havre Jean-Paul Lecoq et d’autres. Un peu après 14 h 30, la déambulation prit la rue de Paris, les Catènes, la plage et retour par l’avenue Foch ; des prises de parole (voir ci-dessous) émaillèrent le parcours. Un rassemblement sur l’Ukraine était prévu à 16 h sur le parvis de l’Hôtel de Ville pour celles et ceux qui voulaient manifester sur les deux thèmes interconnectés.

    C’est Laurent Martin, nouvel animateur d’EELV Le Havre arborant un chapeau melon et une canne, qui lança les festivités. Nous avons pu recueillir quatre interventions préparées pour l’occasion. Concernant le lien entre crise climatique et guerre en Ukraine, la responsabilité du système capitaliste dans la crise climatique, le danger de submersion de la ville du Havre, la dangereuse relance du nucléaire par Macron, elles nous semblent mériter attention et réflexion. Nous y ajoutons une affiche "Pour le Climat, unissons-nous" et une analyse d'Hendrik Davi, chercheur.

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    • 1. Ukraine et climat
    • Alain Ponvert, pour ATTAC Le Havre. 

     

    « Nous ne capitulerons pas en Ukraine et nous espérons que le monde ne capitulera pas dans la construction d'un avenir durable »

    La déclaration de Svitlana Kraskouska, déléguée ukrainienne à la dernière session du GIEC met en lumière les défis que nous devons résoudre très rapidement. On ne peut plus attendre comme il y a urgence à la paix en Ukraine, il y a urgence climatique au niveau mondial. De ce point de vue, on peut déplorer le bilan du gouvernement français incapable de mettre en pratique les objectifs fixés par les accords de Paris à la Cop 21.

    • Condamnation par le tribunal administratif de Paris pour inaction climatique et condamnation à réparer avant octobre 2022.
    • non tenue des actions proposées par la convention citoyenne sur le climat, malgré les engagements pris par l'actuel président de la République.
    • Développement du nucléaire.

    Tout cela dans un pays où 63 milliardaires (dont le profits ont augmenté pendant la pandémie) « polluent » plus que la moitié de la population !

    Il n'y aura pas de transition écologique sans justice sociale ; c'est ce qu'a en partie montré le mouvement des gilets jaunes.

    Financer la transformation de nos économies est tout à fait possible grace à une révolution fiscale !

    • il faut cesser les exonérations fiscales des pollueurs qu'ils soient industriels ou agricoles !
    • Il faut cesser les exonérations fiscales pour les compagnies de transports routiers, aériens et maritimes !
    • Il faut lutter efficacement contre l'évasion fiscale et imposer la taxation des actionnaires qui se gavent sur le dos des plus démunis !

    Il faut enfin renforcer les actions de soutien et de mobilisation de celles et ceux qui luttent contre Bayer-Monsento, Amazon et contre tous les grands projets polluants et inutiles.

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    • 2. Crise climatique et système capitaliste
    • Evelyne Barq pour Ensemble ! Le Havre
    • Nos marches pour le climat et la justice sociale ne peuvent que constater l’incurie des pouvoirs publics face aux menaces qui pèsent sur le devenir de l’Humanité.

      L’urgence des mesures à prendre concernant le climat et la diversité ont suffisamment été établies par les rapports du GIEC et la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Pourtant, au-delà des effets d’annonce, rien ne bouge. Le gouvernement ne s’est pas réellement saisit des 146 propositions élaborées par la Convention citoyenne sur le climat.

      Cette urgence impose une véritable rupture dans nos modes de produire et de consommer. Elle impose une rupture avec la fuite en avant que pratique le capitalisme. Elle impose de mettre fin à la mise en concurrence par le capital des travailleurs et des territoires qui induit la recherche du moindre coût des salaires, mais aussi celle des législations les moins contraignantes en matière de protection de l’environnement. Les usines les plus polluantes sont délocalisées au Sud, même si la consommation est au Nord. Cette recherche du moindre coût induit d’absurdes transports générateurs de gaz à effets de serre des lieux d’extraction des matières premières vers les pays manufacturiers puis vers les lieux de consommation.

      L’urgence climatique implique qu’à la loi du profit on substitue l’entraide et la solidarité, tant à l’intérieur de chaque pays qu’à l’échelle internationale. Il s’agit de construire une autre économie qui répondent aux besoins essentiels de toute la planète, en faisant un usage raisonné des ressources naturelles.

      Les Etats et les organisations internationales doivent opérer des virages à 180° pour cesser de servir le capitalisme, au profit de politiques de la mise en œuvre du bien commun. C’est au prix d’un renversement copernicien qu’on passera d’une marche du monde basée sur la concurrence libre et non faussée à la prise en compte réelle des urgences climatiques et sociales.

      En tout premier lieu les Etats doivent contrôler les multinationales, et parmi celles-ci, les multinationales de l’énergie qui ne songent qu’à augmenter des profits déjà exorbitants. Leur activité devraient être soumise à une planification publique prenant en compte à la fois les réels besoins et le « coût écologique » de l’énergie produite. Ils devraient, entre autres, s’intéresser tout particulièrement à leurs projets dans l’Arctique, où une course frénétique s’observe pour tirer parti des réserves pétrolières et gazières dégagées par la fonte des glaces, au risque de d’augmenter la libération du méthane dans l’atmosphère, gaz dont l’impact sur le réchauffement climatique est 80 fois plus important, selon l’ONU, que le dioxyde de carbone.

      Ne laissons plus par indifférence ou sentiment d’impuissance l’État se détourner des intérêts véritables de sa population. Les marches pour le climat doivent s’accompagner d’une information précise des citoyens de l’imbrication des réalités sociales et environnementales, d’une élaboration populaire des réponses possibles, de leur engagement pour ne plus laisser à d’autres le soin de décider de leur sort.

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    • 3. Le danger de submersion du Havre
    • Pierre Bouysset, La France Insoumise et Un Havre citoyen
    • [Pierre a improvisé une intervention à partir du texte ci-dessous publié par le groupe d’opposition municipale « Un Havre citoyen » et d’autres textes.]

      Face a un bouleversement sans précédent depuis la création de notre ville, peut-on laisser les Havrais, citoyens, acteurs économiques et politiques, penser agir en responsabilité sur la base de prévisions fausses ?

      La question se pose très sérieusement à !'observation du Plan de Prévention des Risques Littoraux qui, après des années d'attente, est enfin mis au vote dans les assemblées municipale et communautaire. Ce plan, visant à prescrire les stratégies d'adaptation face à l’élévation du niveau de la mer, cadre et alimente tous les documents d'aménagement de notre territoire. II définit où et comment nous devons installer ou maintenir nos habitats et nos activités industrielles et portuaires.

      Or, il est reconnu que le diagnostic de l'Etat sur lequel s'appuie ce document ne suit pas la réalité de !'évolution scientifique. En minimisant largement les phénomènes, il fausse prévisions et prescriptions.

      Depuis des instances d'expertise publique telles que le GIEC Normand ou le CEREMA, les scientifiques alertent : d'un rapport international à l'autre, nous savons que le scénario tendanciel d'un moment est le scénario pessimiste du moment précédent. Ainsi, il est aujourd'hui certain que les 60 cm d'élévation de la mer pour 2100 (40 cm depuis aujourd'hui) ne sont plus d'actualité. Les scénarios les plus probables dépassent 1m, et les découvertes récentes des glaciologues quant aux conséquences de la fonte des grands glaciers mondiaux laissent craindre des élévations jusqu'a 4 m d'ici un siècle et demi.

      Lorsque l'on énonce ce problème en assemblées, il n'est aucunement démenti. Mais il est repondu qu'il est impossible de contester les prescriptions de l'Etat malgré les erreurs. Ah bon ?

      On nous répond que par ailleurs les services instructeurs locaux sauront adapter progressivement ces prescriptions à la réalité. Ceci, nous voulons le croire. Mais quid de notre droit à l'information juste ?

      Car, plus inquiétant, il est explicitement dit : qu'exprimer la réalité n'est pas ici pertinent ; que l'annonce du bouleversement pourrait soit être inaudible car perçue comme excessive, soit paniquer les Havrais et jouer contre l'attractivité de notre territoire.

      Quel déni de Démocratie ! Quel peu de confiance !

      Sous prétexte de ménager, on désinforme, infantilise et fourvoie au prix de graves incidences sociales.

      Pourtant, l'histoire du Havre le prouve : nous savons affronter toute réalité pour trouver ensemble des solutions. Mais non :« Braves gens, ne regardez pas !»

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    • 4. Le nucléaire n’est pas la solution à la crise climatique
    • Annie Leroy, Ecologie pour Le Havre

    [Annie Leroy a bien voulu nous accorder un entretien au cours duquel elle a reconstitué ce qu’elle aurait dit lors de la marche climat, si les circonstances l’avaient permis.]

    Le premier danger est celui de l’accident nucléaire. Arnaud Montebourg s’est trompé sur Tchernobyl et Fukushima quand il a dit « zéro mort ». En effet, le calcul du nombre de victimes d’un tel accident doit être fait sur plusieurs générations. Quand une mine de charbons ou une centrale thermique a un accident, les corps sont affectés sur une génération. Le mineur silicosé a des enfants sains. Tandis que le voisin irradié d’une centrale qui a eu un accident aura des enfants atteints sur plusieurs générations, comme le phénomène des hibakushi (les enfants d’irradiés d’Hiroshima) le montre, ou comme on le vérifie encore aujourd’hui autour de Seveso (accident en 1976).

    Il faut ajouter que l’humanité peut se débrouiller sans l’énergie nucléaire (principe de non-nécessité). Que les centrales nucléaires dépendent de l’uranium importé et de tout le cycle, de la prospection, à l’extraction, au transport, à la construction du bâtiment et des machines, à l’entretien, au démontage et à la gestion des déchets, phase qui dure des centaines de milliers d’années. Le cycle de vie « de la graine à la roue » n’a pas de fin : on ne sait toujours pas comment gérer les déchets. Certains maillons de la chaîne comme la production du béton pour les murs de protection des centrales produisent énormément de carbone (ce n’est donc pas une énergie « décarbonée »). L’ADEME (Agence de la transition écologique) et la RTE (Réseau de transport d’électricité), deux grosses boîtes très officielles qui ont des prévisionnistes, l’ont confirmé : « on peut sortir du nucléaire sans changement de la qualité de vie », avec des changements acceptables comme la réduction de la vitesse sur les autoroutes de 130 à 110 km/h, ou la baisse des transports par avion dont les effets sur la qualité de vie sont minimes ou l’amélioration de l’efficacité énergétique.

    Les pro-nucléaires affirment encore que leur énergie est nécessaire pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables. Mais il existe de nombreuses sources non intermittentes ainsi que des moyens de stocker l’énergie solaire ou des éoliennes : des piles, ou mieux la conversion par électrolyse de l’énergie disponible en hydrogène, stockable dans le sol et réutilisable selon les besoins. Dans la Zone Industrielle Portuaire du Havre, on a fermé la centrale thermique trop vite, avant que le renouvelable soit prêt en quantité suffisante. Une nouvelle usine YARA brûlera du CSR (Combustible solide de récupération) avec des filtres biochimiques et un système de traitement des fumées. Mais cela aurait pu être fait pour la centrale thermique.

    Aucune sécurité contre les accidents n’est infaillible. Les causes sont très diverses : une explosion, un tsunami (comme à Fukushima), une mauvaise correspondance des matériels de rechange, une défaillance des groupes électrogènes, un instant de folie chez un personnel. Les impondérables.

    Or j’ai pu constaté, notamment comme membre du CODERST (COnseil Départemental de l'Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques) de Seine maritime (76) que sous Macron les risques se sont accélérés en raison d’un laxisme diffus et d’une baisse du seuil de vigilance. Les nombre des inspecteurs de la DREAL (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement, ex-DRIRE) est insuffisant : il y a moins de sévérité, moins d’investigations, moins d’effectifs. Les régimes d’autorisation se dégradent de l’enquête publique, à l’enregistrement ou à la simple déclaration au préfet.

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    Pour le climat, Unissons-nous

    vignette de 2022 Vraiment en Commun

    Réflexions après la marche pour le climat et la justice sociale –paix, Ukraine, submersion, nucléaire, capitalocène___________________________________________________________________________________________

    Du rapport du GIEC au vote Jean Luc Mélenchon

    Hendrik Davi, 19 mars 2022 [reproduit d’Ensemble Insoumis.es]

    Le GIEC

    Avant d'entrer dans les détails, je vais rappeler le fonctionnement du GIEC qui conduit à la production en 2021 d'une 6eme synthèse sur les bases physiques du changement climatique de plus de 6000 pages, et en 2022 de ses conséquences sur les agroécosystèmes et les populations tout aussi volumineuse.

    Créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), l'objectif du GIEC est de fournir aux gouvernements toutes les informations scientifiques requises pour élaborer des politiques climatiques. Des milliers de scientifiques du monde entier contribuent aux travaux du GIEC. Pour les rapports d'évaluation, des experts donnent bénévolement de leur temps en tant qu'auteurs du GIEC pour évaluer les milliers d'articles scientifiques publiés chaque année, afin de fournir un résumé complet de ce que l'on sait des facteurs du changement climatique, de ses impacts et des risques futurs, et de la manière dont l'adaptation et l'atténuation peuvent réduire ces risques. Un examen ouvert et transparent par des experts et des gouvernements du monde entier complète le processus. Chaque rapport du GIEC passe ensuite par trois phases de relecture, une première par des experts, une seconde par les gouvernements respectifs qui nomment des experts de leurs pays (celle à laquelle j'ai participé) et une troisième par les gouvernements ne portant que sur le résumé. Ce processus long permet d'aboutir à un consensus.

     

    Les changements climatiques actuels

    Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre (GES) depuis environ 1750 sont sans équivoque dues aux activités humaines. En 2019, les concentrations atmosphériques de CO2 étaient plus élevées que jamais depuis au moins 2 millions d'années, et les concentrations de CH4 et de N2O étaient plus élevées que jamais depuis au moins 800 000 ans. Il n'y a plus de place pour les climato-sceptiques, du moins en science.

    En conséquence, chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude que toutes les décennies qui l'ont précédée depuis 1850. En 2011-2020, la température à la surface du globe était supérieure de 1,09 o C à celle de 1850-1900, avec des augmentations plus importantes sur les terres (1,59 oc) que sur l'océan (0,88 o c). La vitesse d'augmentation de la température est sans précédent depuis 2000 ans au moins et les températures de la dernière décennie dépassent celles de la période chaude pluriséculaire la plus récente, il y a environ 6500 ans. Le niveau moyen mondial des mers a augmenté lui de 0,20 m entre 1901 et 2018 à un rythme jamais atteint depuis 3 000 ans et qui conduit à une acidification des océans depuis 2 millions d'années.

     

    Les projections futures

    Ces changements ont déjà induit une augmentation de la fréquence des canicules, des inondations, des sécheresses et des cyclones, mais les projections faites avec les modèles climatiques dont nous disposons et qui rassemblent toutes les connaissances physiques et biologiques actuelles, sont encore plus inquiétantes. Par rapport à la période 1850-1900, la température de la surface du globe en moyenne sur la période 2081-2100 sera très probablement plus élevée de 1,0° C à 1,8° C dans le scénario de très faibles émissions de GES envisagé et de 3,3° C à 5,7° C dans le scénario de très fortes émissions de GES. La dernière fois que la température à la surface du globe a été maintenue à un niveau supérieur ou égal à 2,5° C à celui de 1850-1900 remonte à plus de 3 millions d'années ! Les précipitations devraient augmenter aux hautes latitudes, dans le Pacifique équatorial et dans certaines parties des régions de mousson, mais diminuer dans certaines parties des régions subtropicales et dans des zones limitées des tropiques. Une élévation du niveau moyen mondial de la mer approchant les 2 m d'ici 2100 et 5 m d'ici 2150 dans le cadre d'un scénario d'émissions de GES très élevées est possible, soit un niveau jamais atteint depuis 125 000 ans. Plus les changements sont importants, plus nous risquons de dépasser des points de basculement rendant les conséquences imprévisibles.

    Les conséquences pour les agroécosystèmes et la santé humaine

    Le changement climatique a déjà eu des effets de plus en plus irréversibles sur les écosystèmes terrestres et aquatiques. Environ la moitié des espèces se sont déplacées vers les pôles ou vers des altitudes plus élevées. Des centaines d'espèces ont disparu localement du fait de l'augmentation des extrêmes thermiques ou des sécheresses, avec des phénomènes de mortalité massive pour les forêts, comme dans l'océan. Les projections sont encore plus préoccupantes. Dans les écosystèmes terrestres, jusqu'à 40% des espèces seront probablement confrontées à un risque très élevé d'extinction pour un niveaux de réchauffement planétaire de 4o C. Bien que la productivité agricole globale ait augmenté, le changement climatique a ralenti cette croissance au cours des cinquante dernières années à l'échelle mondiale, les impacts négatifs se situant principalement dans les régions de moyennes et basses latitudes. Nous ferons aussi face à une réduction des rendements de la pêche et de la production aquacole. Les risques de maladies infectieuses devraient augmenter, en particulier risque de dengue, ce qui pourrait mettre en danger des milliards de personnes supplémentaires d'ici la fin du siècle.

    Les interactions avec les autres facettes du changement global

    De plus, ces changements risquent d'être amplifiés en raison d'autres aspects du changement global : crise de la biodiversité, pollution chimique, épuisement des ressources naturelles... Nous savons que l'océan et les forêts atténuent le changement climatique en séquestrant le carbone, mais selon les modèles les taux d'absorption de CO2 par ces puits devraient diminuer au cours de la seconde moitié du XXIe siècle, notamment du fait de la déforestation. Les villes intensifient localement le réchauffement induit par l'homme, et la poursuite de l'urbanisation, conjuguée à la fréquence accrue des extrêmes de chaleur, augmentera la gravité des vagues de chaleur. L'urbanisation accroît également les précipitations moyennes et abondantes au-dessus des villes et l'intensité du ruissellement qui en résulte. D'autre part, les changements d'usage des sols, la surexploitation des ressources naturelles, la perte de biodiversité, la pollution, et leurs interactions, diminuent la capacité des écosystèmes et des sociétés à s'adapter au changement climatique.

    Capital contre Nature

    Le changement climatique est irréversible et nous devrons donc nous y adapter. Mais l'ampleur du changement (entre 1.5° et 6° C à l'horizon 2100) dépend de nos choix politiques. Établir un bon diagnostic est donc essentiel pour savoir quelles politiques nous devons mener demain afin (1) d'atténuer le changement climatique en réduisant drastiquement nos émissions de GES et (2) construire des sociétés les plus résilientes possibles pour s'y adapter. Sur ces aspects, le rapport du GIEC reste à la surface, car il ne pointe à aucun moment les causes profondes du changement climatique et plus généralement de la crise écologique.

    Il existe selon moi un lien consubstantiel entre la naissance du capitalisme moderne et l'usage des énergies fossiles, qui constitue le capitalocène [voir "L'anthropocène contre l'histoire" d'Andreas Malm]. En effet, la dynamique capitaliste suppose d'utiliser la marchandise et la force de travail comme vecteurs pour dégager une plus-value à partir de laquelle il est possible d'augmenter le Capital. La production de la marchandise est donc au cœur du capitalisme. IL n'existe pas d'augmentation du PIB sans productions de marchandises et donc sans usage massif d'énergie et de matière, ce qui est rendu possible avec des énergies fossiles faiblement couteuses. Une économie de services à faible empreinte écologique demeure une illusion, car aujourd'hui l'augmentation du CO2 et l'exploitation des ressources naturelles n'ont jamais été aussi fortes et ce en dépit d'une tertiarisation de l'économie. Les services requièrent toujours une dépense d'énergie, nous le voyons bien avec l'économie d'Amazon, de Uber.

    Pour sortir d'une économie prédatrice sur l'environnement, il est absolument nécessaire de ralentir le cycle Argent-Marchandise-Argent et donc de faire décroitre à terme le Capital. Il ne peut pas exister de capitalisme vert dans une planète aux ressources limitées. Sortir de cette logique mortifère dans laquelle nous a conduit la logique du Capital suppose un affrontement avec les classes sociales qui vivent, tels des parasites, de la circulation de la marchandise. Nous devons donc rompre avec la société de consommation pour réduire drastiquement nos consommations. Mais, il faut aussi profondément transformer nos modes de productions pour qu'ils aient une empreinte climatique et plus largement une empreinte écologique, plus faible qu'actuellement.

    Un programme de transition écosocialiste

    La rupture avec les logiques d'accumulation sans fin du capital et de grand déménagement du monde qui va avec, ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais il faut bien commencer quelque part. Pour cela, nous avons besoin d'un programme de transition qui reprenne le contrôle de nos moyens de production en les sortant de la seule logique du Capital. Ceci nécessite des moyens d'actions publique pour organiser une planification écologique, qui organise la transformation en profondeur de nos modes de production et de consommation. Ce projet est cœur de l'Avenir en Commun programme de l'Union Populaire et de son candidat Jean Luc Mélenchon en 2022.

    Pour réduire notre empreinte écologique, il faut d'abord diminuer les gaspillages de ressources et d'énergie, c'est la sobriété écologique. Dans l'AEC et les plans/livrets qui le complètent, nous proposons d'arriver à une consommation d'énergie primaire divisée par 3 d'ici 2050, par exemple en isolant massivement les logements, en abolissant l'obsolescence programmée, afin d'allonger les durées de garantie légale des produits, en interdisant l'usage des plastiques à usage unique en créant un réseau national de recyclage. Nous proposons aussi de réduire les transports de personne en créant un pôle public des transports et de la mobilité, pour développer le ferroviaire les mobilités douces. Nous développerons les circuits courts pour réduire la circulation des marchandises et l'utilisation d'emballages avec la mise en place d'un protectionnisme écologique. Pour lutter contre les gaspillages, nous rendrons progressive la tarification des biens essentiels (eau, énergies, etc.), afin d'inciter aux bons usages et décourager les mésusages, avec des premières tranches gratuites.

    Ensuite, pour changer nos modes de production, nous développerons des savoirs et qualifications utiles à la transition écologique et organiserons une planification du changement de notre mixte énergétique. Le nucléaire n'est pas la solution. Il présente des risques pour les populations qui augmentent avec le vieillissement des infrastructures ou les tensions géopolitiques et nous rend dépendant des pays producteurs d'uranium. Nous proposons donc de doubler l'éolien, pour atteindre en 2050 18 500 éoliennes et 3000 en mer et d'accroître le photovoltaïque (144 gigawatt installés, contre une dizaine aujourd'hui) en toitures, combrières, sans aucune installation sur terres agricoles ou espaces sauvegardés. Enfin, nous encouragerons les bioénergies (biomasse et biogaz) sans dégrader ni les forêts ou diminuer les surfaces agricoles.

    Mais ce programme de transition se conjugue aussi à un programme social et démocratique ambitieux, car nous ne pouvons pas opérer une bifurcation écologique d'ampleur sans justice sociale et sans refondation démocratique de nos institutions par une 6eme République. Enfin, cette transition requiert un niveau d'affrontement élevé avec le Capital, pour se donner les moyens d'une planification de plus 200 milliards d'investissement dans la transition écologique. C'est ce que nous proposons avec la révolution fiscale proposée dans l'Avenir en commun.

    Le vote Jean Luc Mélenchon le 10 et 24 avril !

    Nous sommes à un moment charnière de l'humanité où l'instabilité géopolitique, s'ajoute à une pandémie en fragilisant encore plus des sociétés déjà divisées par le racisme et les inégalités sociales, alors même que les enjeux écologiques n'ont jamais été aussi importants. Nous n'avons pas le choix, nous devons dès maintenant entamer la bifurcation de notre modèle économique et sociale. Évidemment, tout ne passera pas par les élections et rien ne se fera sans l'action du plus grand nombre dans l'élaboration des alternatives concrètes ou les luttes sociales et écologique Mais il est urgent de reprendre le gouvernail à ceux qui actuellement conduisent la société dans le mur avec comme seul objectif la maximisation des profits de leurs amis.

    Aujourd'hui Jean Luc Mélenchon et le programme de rupture démocratique, sociale et écologique qu'il porte est à portée de voix du second tour. Ne laissons pas passer cette opportunité. Mobilisons-nous partout où c'est possible et d'abord dans la rue le 20 mars à Paris à 14h à la Bastille et le 27 mars à Marseille au Prado. Une fois au second tour, tout devient possible, car la situation politique est extrêmement instable. Si en 2022 un gouvernement de rupture sociale et écologique parvenait au pouvoir en France, il est encore permis d'espérer que nous pourrons construire un monde de paix, où la solidarité et l'imagination des hommes nous permettrons d'atténuer le changement climatique et de nous y adapter de manière à ce que les plus pauvres ne payent pas une fois de plus le prix fort.

    Le vote Jean Luc Mélenchon n'est pas seulement un vote utile pour éviter que la politique de haine soit au second tour de l'élection présidentielle, c'est aussi un vote d'espoir pour que nous entamions tous collectivement, la grande révolution écologique et sociale, dont notre planète a tant besoin.

    [Hendrik Davi est Directeur de Recherche en Écologie Forestière, Co-rédacteur du livret Enseignement Supérieur et Recherche de l'Union Populaire, Membre du Parlement de L'Union Populaire, Chef de file dans la 5ème circonscription des Bouches du Rhône à Marseille, Membre d'Ensemble Insoumis]

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    Voir d'autres articles sur le climat de Quai du Rassemblement

    http://ensemble-le-havre.eklablog.com/apres-la-cop-26-bla-bla-neo-liberal-et-questions-pour-la-france-et-la--a211326482

    http://ensemble-le-havre.eklablog.com/nucleaire-sante-securite-emplois-mensonges-flamanville-tricastin-palue-a167184344

     

     

    « UKRAINE SEMAINE 5 ACTION LE HAVRE SAMEDI 26 MARS 16 H HdVUKRAINE Le consensus de base du nouveau Réseau européen solidarité avec l’Ukraine et contre la guerre »

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  • Commentaires

    2
    Samedi 5 Novembre 2022 à 19:00

    Schéma du stockage d'énergie intermittente par électrolyse de l'hydrogène

    1
    Dimanche 8 Mai 2022 à 17:53

    [à signaler dans Paris-Normandie]

    Près du Havre, la commune d’Épouville a manifesté contre le biogaz, samedi 7 mai 2022

    Plus de 400 personnes se sont mobilisées contre l’implantation d’une unité de méthanisation à Épouville.

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