• Non, monsieur Darmanin, ce n'est pas à nous de payer !

    Non, Darmanin, ce n'est pas à nous de payer !Nous traversons des moments difficiles et nous portons en nous une colère face au désastre qui s’étale tous les jours sous nos yeux. Au-delà des responsabilités individuelles, c’est tout le fonctionnement de notre société tournée vers la loi du profit, la remise en cause des services publics, la marchandisation de la santé, le « juste-à-temps », l’absence d’anticipation, le poids des lobbys auprès des centres de décision… qui sont en cause.

    Cette colère alimente en nous une détermination : Il ne suffira pas, la crise passée, de prendre les mesures qui nous permettraient de faire face à une nouvelle crise sanitaire. Il s’agit de s’en prendre aux causes qui ont transformé une épidémie dont on aurait pu contenir les effets, en une véritable catastrophe humaine. Il s’agit dès maintenant d’exiger une réorientation des politiques en fonction de l’intérêt général pour parer aux conséquences immédiates et lointaines de cette onde de choc.

    Dans ce contexte, le versement, par les entreprises européennes, de 359 milliards d’euros de dividendes, à leurs actionnaires, est totalement obscène.

    Plusieurs centrales syndicales (CGT, FSU, Solidaires) et associations (Oxfam, Sherpa, Amis de la Terre-France, Greenpeace France, Reclaim Finance, Attac-France) ont écrit, le 29 mars, une lettre ouverte à Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances.

    Cette lettre invite le ministre à dépasser les déclarations sans engagement – « invitations », « recommandations » - adressées aux grandes entreprises pour qu’elles « modèrent » leur distribution de dividendes.

    Elle dénonce le fait que des entreprises pourront bénéficier des mesures d’urgence et notamment du dispositif renforcé de chômage partiel même si elles effectuent de tels versements à leurs actionnaires.

    Elle rappelle que le gouvernement est en mesure d’obliger les entreprises qui ne l’ont déjà pas fait d’elle-même à stopper cette distribution de dividendes :

    « Le gouvernement peut agir dès maintenant en prenant une ordonnance, autorisée dans le cadre de la loi Urgence Sanitaire. La Norvège et la Suède sont en train de le faire pour le secteur bancaire, et la Fédération Bancaire européenne l'encourage. La France ne peut pas être à contre-courant du sens de cette crise : encore plus qu’avant, il faut prioriser la capacité des entreprises à investir et à protéger leurs salariés pour assurer leur durabilité, sinon leur survie. »

    Au-delà de cette mesure immédiate, les organisations signataires posent quelques jalons pour reconstruire un avenir différent :

     « Au-delà des mesures d’urgence, il sera nécessaire de ne pas répéter les mêmes erreurs qu’en 2008. Nous devons nous assurer que le nouveau modèle et les nouvelles règles permettront une distribution durablement plus juste des richesses, et un système économiquement plus résilient. Cela passera notamment par des règles d’encadrement des versements des dividendes afin d’affecter le reste des moyens à la transition sociale et écologique. C’est une condition sine qua non pour permettre à nos entreprises de résister aux prochaines crises et pour répondre aux deux grands défis qui sont déjà devant nous : celui des inégalités et celui du climat. »

    Et elles concluent en proposant leur collaboration au ministre.

    Tout de même un peu gêné par le mauvais effet produit par cette annonce de 359 milliards de dividendes, et par les protestations qu’elle a suscitées, Monsieur Lemaire a communiqué le lendemain sur les mesures qu’il comptait prendre. Celles-ci ne seraient pas dissuasives.

    Un communiqué des centrales CGT, FSU et Solidaires, et d’ONG en date du 1er avril réitère leur demande de suspension immédiate du versement, par les entreprises, de dividendes, rachats d’actions et bonus aux PDG, a fortiori quand elles ont bénéficié d’aide publique, le temps que durera cette crise.

    Elles maintiennent également leur exigence d’enclencher, dès aujourd’hui, une réflexion sur un meilleur partage des richesses au sein des entreprises.

    CONSTRUIRE DÈS MAINTENANT DES RÉPONSES À CETTE CRISE

    Cette initiative d’organisation syndicales et militantes fait partie d’un mouvement en cours, porté par des acteurs très différents, pour donner une forme précise, concrète, à notre sentiment de « plus jamais ça ». Il ne peut pas attendre la fin du confinement : c’est dès aujourd’hui, dans les réponses à donner à la crise, et dans ses prolongements, que se choisit notre avenir.

    Réclamer, comme le font ces syndicats et ces associations, le non-versement de dividendes aux actionnaires est une bonne chose, ainsi que de transformer ces dividendes en investissements. Mais cela ne suffit pas : les petites entreprises sont celles qui vont pâtir le plus de la crise du Covid19, et M. Darmanin ne trouve rien de mieux à faire que d’ouvrir une plateforme de dons à laquelle les français et françaises pourraient verser leur obole. Sans rire ? Mis au chômage technique, après avoir vu depuis des années le fruit de notre travail partir dans les paradis fiscaux, il faudrait encore que nous mettions la main à la poche pour sauver nos exploiteurs ?

    Ce n’est pas sérieux : les dividendes non versés par les grosses entreprises doivent servir de « cagnotte sociale » pour sauver les plus petites, et empêcher ainsi les fermetures et les licenciements. Garder les dividendes pour les jours meilleurs, ce n’est pas acceptable.

    Quant aux investissements, ce ne doit pas être aux entreprises elles-mêmes d’en décider, car nous savons maintenant que les investissements à but uniquement capitalistique amènent à des catastrophes, qui ne pourront que se répéter, à échéances de plus en plus rapprochées : catastrophes climatiques, mais aussi sanitaire, avec la proximité de plus en plus forte des espèces animales porteuses de virus, inoffensifs pour elles, dévastateurs pour nous, avec l’être humain. La déforestation, pollution, obligation pour ces espèces de chercher leur nourriture dans « notre univers », en sont les causes.

    En face de nous, nous avons un pouvoir arc-bouté sur le maintien de l’ordre libéral du monde, qui refuse de prendre les mesures de protection immédiates qui s’imposeraient, et qui prépare, quasiment en catimini, l’approfondissement de cet ordre libéral. Médiapart a révélé les plans en cours pour renforcer encore la privatisation de l’hôpital public ; la commission européenne poursuit ses démarches d’accords de libre-échange avec le Vietnam, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, comme si de rien n’était.

    Nous allons avoir besoin de toute notre détermination pour imposer un autre ordre du monde.

    « 15 & 22 mars 2020 : Clémentine Autain soutient "Un Havre citoyen" avec Jean-Paul LECOQ !Capitalisme et épidémies : comprendre les liens »

  • Commentaires

    3
    John Barzman
    Vendredi 17 Avril 2020 à 19:43

    A propos du déconfinement

    "Déconfinement du 11 mai : il faut des garanties sanitaires pour tou·tes"

    Xommuniqué d'Ensemble! national le 15 avril 2020

    https://www.ensemble-fdg.org/content/deconfinement-du-11-mai-il-faut-des-garanties-sanitaires-pour-toutes

    2
    John Barzman
    Vendredi 17 Avril 2020 à 19:41

    Sortir du libéralisme pour s'en sortir

    Déclaration de l'Equipe d'animation nationale (EAN d'Ensemble! le 7 avril 2020

    https://www.ensemble-fdg.org/content/sortir-du-liberalisme-pour-sen-sortir

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    1
    John Barzman
    Vendredi 17 Avril 2020 à 19:36

    Bilan et comparaisons internationales

    Pour vraiment comprendre la pandémie, son parcours, les moyens de l'arrêter et d'en empêcher de nouvelles, il est clair que des coordinations internationales s'imposent. Un début de réflexion de la part de militants de la Quatrième Internationale dans dix-sept pays d'Europe:

    http://www.inprecor.fr/article-Face-%C3%A0-la-pand%C3%A9mie-de-Covid-19,-nos-vies-valent-plus-que-leurs-profits?id=2344

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