• Guadeloupe : derrière la crise sanitaire, une profonde crise sociale

     

    Guadeloupe : derrière la crise sanitaire, une profonde crise socialeLa Guadeloupe vit en ce moment à l’heure de la grève générale illimitée. Tous les médias de la métropole insistent sur deux revendications du mouvement, qui sont l’arrêt de l’obligation vaccinale et le retrait du pass sanitaire. Ils mettent en avant les exactions de quelques personnes qui ont agressé ou menacé des médecins, des pharmaciens. Comme dans tout mouvement de masse, il y a des dérapages inacceptables.

    Malheureusement aussi, les organisations en lutte ont choisi pour se fédérer un nom très restrictif : « Organisations en lutte contre l'obligation vaccinale et le pass sanitaire »

    Mais loin de se cantonner à ces deux revendications sur lesquelles on peut ne pas être d’accord, la lecture de l’ensemble de la plateforme revendicative est sans appel : il s’agit bien d’un mouvement social profond, dont les causes sont structurelles, même si l’élément déclencheur semble bien être la suspension des contrats de travail suite à l’obligation vaccinale des soignants.

    En Guadeloupe, mais aussi en Martinique, le taux de pauvreté (personnes vivant avec moins de 1040 €) atteint 30% de la population. Le chômage est au moins aussi endémique que la Covid puisqu’il touche 21% de la population active. Le recours aux aides alimentaires explose. L’an passé à la même époque, l’Observatoire des inégalités plaçait la Guadeloupe en tête des territoires les plus pauvres*.

    La Guadeloupe est également polluée, pour de longues années, par le Chlordécone, un insecticide utilisé pendant vingt ans, de 1972 à 1993, pour lutter contre le charançon dans les bananeraies. Interdit depuis 1993, sa persistance fait qu’il infeste encore aujourd’hui les sols et que l’on en trouve dans l’eau de certains captages destinés à la consommation humaine.

    On ne répond pas à une telle crise sociale et écologique par l’envoi de renforts de policiers et de membres du GIGN ou du RAID, ni par des arrestations ou mises en examen de manifestant-e-s ou de syndicalistes (38 à ce jour selon le Comité international contre la répression-Cicr).

    En terme de mobilisation sociale, la Guadeloupe ne nous montre-t-elle pas l'exemple ? Les revendications du mouvement doivent être satisfaites et la solidarité doit s’organiser dans toute la métropole, pour la satisfaction des 32 points de la plateforme revendicative :

     Revendications sociales :

    • La résolution de tous les conflits en cours ;
    • Le respect de tous les accords signés, y compris celui du SDIS-971, toujours pas appliqué ;
    • L'augmentation généralisée des salaires, des minima sociaux, des allocations chômage et des pensions de retraite en même temps que l'augmentation des prix ;
    • Le remplacement de tous les départs à la retraite ;
    • L'arrêt des licenciements, dans le privé et des suppressions de postes, dans le public ;
    • L'embauche massive de titulaires, dans toutes les fonctions publiques, à la poste, dans les écoles, à l'université... ;
    • L'arrêt de la répression judiciaire et patronale, contre les militants, les travailleurs et les organisations syndicales ;
    • L'abrogation des règles d'indemnisation du chômage ;
    • Le maintien de toutes les primes de vie chère ;
    • L'ouverture de négociations collectives, dans toutes les branches professionnelles, sur les salaires, l'emploi, la formation, la durée du travail, la protection sociale, la priorité d'emploi des jeunes, des chômeurs et des salariés de Guadeloupe, le fait syndical guadeloupéen.
    • La résorption de tous les emplois précaires et des embauches massives, dans le privé ;

    Quant à la gestion de la crise Covid et la situation sanitaire locale :

    • L'abrogation de la loi du 5 août 2021, relative à la gestion de la crise sanitaire ; 
    • La suppression de l'obligation vaccinale ;
    • La suppression du pass sanitaire ;
    • Le maintien de la gratuité des tests ;
    • Des protocoles sanitaires stricts, adaptés aux établissements publics et privés ;
    • Des recrutements de soignants et de personnel, dans les hôpitaux et cliniques privées, ainsi que dans le secteur social et médico-social ;
    • La mise en place d’un plan d’urgence pour l’embauche et la formation des jeunes ;
    • Des moyens matériels pour la santé, le secteur social et médico-social ;
    • La mise en place d'un système de santé de qualité pour accueillir et soigner les usagers, dignement et efficacement ;
    • Des mesures immédiates pour approvisionner les établissements en oxygène ;

    Exigences très spécifiques concernant les pompiers :

    • Le recrutement de 15 sapeurs-pompiers volontaires (SPV), sur dossier, dans l'immédiat ;
    • Le recrutement de personnel administratif technique et spécialisé (PATS), pour la filière administrative et technique ;
    • La réparation, l'entretien et le renouvellement des engins véhicules de secours et d'assistance aux victimes (VSAV) et fourgon pompe tonne (FPT) ; 
    • L'organisation de concours pour les sapeurs-pompiers professionnels, au grade de caporal ;
    • La mise en place d'une nouvelle organisation : 12h00 de travail jour et 24h00 de repos, 12h00 de travail nuit et 72h00 de repos, pour le sapeur-pompier ;

    Revendications sociétales et dans le secteur de l'éducation :

    • Des moyens supplémentaires et des recrutements de personnels techniques et encadrant, pour le dédoublement des classes et le respect des mesures sanitaires dans les écoles ;
    • Un bâti scolaire et des équipements sportifs et culturels, rénové au plus vite, conforme aux normes parasismiques et débarrassé des rats ;
    • Un plan d'urgence pour l'eau, pour un accès permanent de tous à une eau potable, buvable, sans pesticide, sans chlordécone, à un prix bas et unique, dans le cadre d'un véritable service public ;
    • Le nettoyage de toutes les citernes dans tous les établissements publics ;
    • La condamnation des empoisonneurs au chlordécone et la dépollution des sols ;
    • La mise en place d'un véritable service public de transport permettant aux usagers de se déplacer à toute heure sur l'ensemble du territoire.

     

     

    * Sans doute faut-il comprendre cela comme « en tête des départements les plus pauvres », car la Guyane a un taux de pauvreté encore plus fort puisque c’est 50% de la population qui vit avec moins de 920 € par mois (chiffres de 2017).

     

     

     

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