• 19 mars 1962 : fin de la guerre d'Algérie

    19 mars 1962 : fin de la guerre d'Algérie19 mars 1962 : les accords d'Evian marquent la fin de la guerre d'Algérie. Sauf pour l'OAS et les tenants de "l'Algérie française" qui y voient une trahison. La guerre d'Algérie, rappelons-le, n'a pas toujours été reconnue comme une guerre : le gouvernement et l'armée française la caractérisaient comme de simples "opérations de maintien de l'ordre en Algérie", refusant d'y reconnaitre la lutte d'une nation pour son indépendance contre une nation colonisatrice. Encore aujourd'hui, la médaille décernée aux combattants de cette guerre s'appelle "commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord". Tout un symbole.

    Cette sale guerre a duré presque huit ans. Pour en parler, quoi de mieux que de publier un article, paru dans "le réveil des combattants", journal de l' ARAC, en décembre 2012, mais qui évidemment n'a rien perdu de sa force :

    Faire la guerre à toutes les guerres, y compris aux guerres coloniales - Comment oublier ?

    "Comment oublier le soleil d’Afrique et la soif en crapahutant dans le djebel ? Comment oublier les ratissages, les villages dévastés ? Comment oublier les cris des torturés ? Sinon en luttant contre ce qui provoqua ces temps maudits, en faisant en sorte que le 19 mars soit la date de la victoire « de guerre à la guerre » ! Et que cessent les drames notamment en Irak, en Israël/Palestine, en Afghanistan, en Afrique. L’Algérie, c’était… en 1954, dix millions d’habitants dont un million d’Européens et neuf millions d’indigènes, auxquels s’ajoutaient les 20 000 Algériens résidant en France.

    La guerre d’Algérie a duré huit années, de 1954 à 1962. Deux millions de militaires français et musulmans pro-français ont affronté 90 000 militaires de l’Armée de libération nationale algérienne appuyée sur un peuple dont 2 millions ont vu leurs villages rasés devenus zone interdite, eux-mêmes étant déplacés en camps dits de « regroupement ».

    Avec les 30 000 militaires français tués (10 par jour), les plusieurs centaines de milliers d’appelés revenus blessés, malades, psycho-traumatisés, le million d’Algériens tués ou blessés ou disparus, torturés, chaque famille des deux peuples a eu à souffrir de cette guerre. Ce sont deux peuples qui ont été traumatisés, assassinés, abandonnés pour certains, déracinés pour d’autres, meurtris pour tous.

    Il a fallu 8 années de luttes du peuple français auxquelles l’ARAC participa dès le premier jour,

    • pour que s’impose la négociation avec ceux qui se battaient pour l’indépendance du peuple algérien,
    • pour que soient signés les Accords d’Évian le 18 mars 1962, - pour que soit proclamé officiellement le cessez-le-feu sur le terrain, le 19 mars 1962, par les deux états-majors des armées au combat, française et algérienne de libération nationale.
    • pour que s’ouvre enfin la voie de la paix.

     

    8 années au cours desquelles la France fut menacée dans ses fondements, dans ses valeurs républicaines par des gouvernements aussi bien de droite que socialiste dont les pratiques permirent l’existence d’un terrorisme d’État (tortures, DOP (1), bataille d’Alger, « crevettes Bigeard (2) », zones interdites, populations mises dans des camps, disparitions et assassinats tel Maurice Audin, détournement aérien, exportation dans les dictatures d’Amérique latine des escadrons de la mort qui allaient ensanglanter les peuples de ce continent, répressions féroces en Algérie comme en France : 17 octobre 1961, 8 février 1962 à Charonne).

    8 années qui virent des putschs militaires mettre fin à une République et menacer l’existence de la suivante, qui virent se mettre en place un pouvoir personnel et une Constitution - celle de 1958 - dont les effets nocifs sévissent encore aujourd’hui.

    8 années où fascisme et racisme se mêlaient dans les crimes de l’OAS, ses multiples attentats sanglants, sa politique de terre brûlée, ses règlements de compte affolant les populations françaises d’Algérie et précipitant leur fuite vers la métropole, tandis que le gouvernement prenait la responsabilité d’interdire la venue en France des harkis, des supplétifs et de leurs familles, les livrant ainsi sans état d’âme aux représailles hélas tellement prévisibles… tandis qu’il parquait dans des conditions inhumaines ceux qui avaient réussi à franchir la Méditerranée. Et, aujour2011i, les séquelles de la guerre perdurent : racisme, glorification des crimes de l’OAS, refus de reconnaître l’histoire, la vérité, d’assumer officiellement, d’aller vers la réconciliation.

    Alors… Cinquante ans plus tard, [NDLR : cinquante six aujourd'hui]  n’est-il pas temps de leur claquer la porte de l’Histoire sur le nez, à ces fauteurs de guerre, ces fauteurs de haines, ces aveugleurs de la conscience humaine ? Car la lutte contre le racisme est inséparable de celle pour la paix. Tel est le défi de ce XXIe siècle. Et pour nous, citoyens français, le rejet de l’esprit colonial, le refus du racisme et le combat pour la paix, l’amitié et la solidarité sont le socle républicain à sceller plus fortement chaque jour autour des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité."

    l'ARAC (Association Républicaine des Anciens Combattants), qui lutte pour "la Solidarité, la mémoire, l'antifascisme et la paix", nous appelle à un

    RASSEMBLEMENT, lundi 19 mars 2018, à 11h, au monument aux morts, place du Général De Gaulle,

    Pour commémorer à notre façon, et pas à celle des officiels qui mélangent toutes les commémorations, la fin de la sale guerre coloniale

     

    (1) DOP : Disposition Opérationnel de Protection : il s'agissait d'équipes de recherche de renseignement par la torture.

    (2) Crevette Bigeard : désigne les prisonniers exécuté par les généraux de sinistre réputation Bigeard et Aussaresses, qui les jetaient en mer du haut d'un hélicoptère, les pieds coulés dans une bassine de ciment.

    « Révolution et guerre en Syrie : 7 ans déjà !Dans la rue le 22 mars ! »

  • Commentaires

    3
    Mel Amar
    Samedi 17 Mars 2018 à 18:50

    "Jeunes de banlieue" et indépendance de l'Algérie

    La continuité entre la lutte du peuple algérien pour l'indépendance, en Algérie et en France, conclue en 1962, et les "émeutes de banlieue" quarante ans plus tard, n'est pas très nette. En 1962, le nouveau gouvernement indépendant d'Algérie a recommandé aux Algériens de France de rentrer en Algérie. Inversement, beaucoup de harkis algériens ont quitté l'Algérie avec leurs familles pour la France. Puis il y a eu mai 68, les luttes en entreprises et dans les logements sociaux qui mettaient en avant l'unité ouvriers-immigrés, puis la limitation de l'immigration de travail et l'autorisation du regroupement familial et l'arrivée de nouvelles familles algériennes peu politisées, puis la Marche des Beurs et les grèves des usines automobiles à forte participation immigrée, la politique de relégation et d'abandon des banlieues, les discriminations contre les immigrés dans l'attribution des retraites, des avancements, ou à l'embauche, le développement du FIS en Algérie, l'attribution des cours d'arabe dans les lycées français à des enseignants désignés par l'Algérie ou d'autres pays alliés à la France, le développement en France des centres de diffusion de la pensée islamique, associés à des oeuvres charitables et d'animation sociale, financés par l'Arabie saoudite, les Emirats, la Turquie sans qu'ils ne trouvent en face d'eux des centres laïcs de diffusion de la culture nationale des pays d'origine, la crise du chômage des jeunes en Algérie, le désir de s'installer en France face à la fermeture des frontières. Tout cela dans un contexte de recul dramatique du mouvement social.

    On trouve aujourd'hui les mêmes symptômes d'aliénation et de mécontentement, à forte composante ethnique, dans plusieurs pays occidentaux, dans des populations issus de pays qui n'ont pas été colonisés (Turcs, Africains-Américains), ou ont été colonisés par un Etat impérialiste autre que celui où ces populations résident actuellement (Etats-Unis, Allemagne, Suisse, Belgique, Suède, Royaume Uni, Italie...). Elles se perçoivent moins comme les descendants de colonisés qui ont lutté jadis pour l'indépendance précisément contre l'Etat où elles résident, que comme des citoyens de cet Etat, où ils vivent, travaillent, ou  sont nés, issus d'ancêtres venants de nombreux pays, avec lesquels ils gardent naturellement des liens affectifs et familiaux, mais dont la grande préoccupation est les discriminations raciales dont ils sont victimes dans ce qui est désormais "leur" pays. 

    Par contre, il est incontestable que le comportement raciste de nombreux Français est particulièrement prononcé à l'égard des Algériens et descendants d'Algériens, que la guerre d'Algérie est un enjeu capital des mémoires française et algérienne, que la question des rapports entre l'Algérie et la France est une très grande question intérieure et internationale aujourd'hui.

    Il est bon de rappeler l'importance de cette guerre, les terribles dégâts qu'elle a infligée à l'Algérie, la violence et la déshumanisation qu'elle a entraîné en France, la solidarité que beaucoup de Français ont manifesté, pas seulement les porteurs de valise, mais aussi ceux qui ont milité pour "la paix" (comme le PCF), et les déplacements de population involontaires qu'elle a provoquées par la suite.

    2
    beria
    Samedi 17 Mars 2018 à 13:16
    C'est bien de faire ce rappel ô combien nécessaire.
    Il paraît opportun d'indiquer que cette guerre continué.
    En 2015 ,"les emeutes ded banlieues"ont été menées souvent par les fils et petit fils des ouvriers Algeriens.
    Souvent discriminés à l'embauche, à l'accès aux logements.
    Marqués bien souvent comme"variable d'ajustement"dans les entreprises sous traitantes des donneurs d'ordre.
    Type:PSA, ,enquête menée dans le bassin d'emploi Sochalien.
    Ces emeutes ont été réprimées par Dominique De villepin qui a cette occasion a exhumé une loi de 1956 votée à destination de la répression des Algeriens.
    Enfin, l'ARAC oublie-modestie de bluette- dessignaler que les pleins pouvoirs ont été votés par des "Républicains" , SFIO et Parti Communiste
      • Samedi 17 Mars 2018 à 14:59

        Tu as raison, Béria, de rappeler que les députés du PCF ont voté, avec la SFIO et la droite de l'époque, les pouvoirs spéciaux à Guy Mollet. Mais accordons nous à reconnaitre que de nombreux militants communistes, déboussolés et s'estimant trahis par ce vote, ont rejoint les "porteurs de valises", dont des dirigeants et militants de l'Union des Étudiants Communistes (UEC) de cette époque, en désaccord avec la direction du parti.

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